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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/341

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tous deux sans avoir avalé une seule pierre. M. Redi en trouva bien quelques-unes dans leur gésier, mais c’était de celles qu’ils avaient avalées précédemment[1].

Les organes servant à la respiration consistent en un poumon semblable à celui des animaux terrestres, et dix cellules aériennes, dont il y en a huit dans la poitrine qui communiquent immédiatement avec le poumon, et deux plus grandes dans le bas-ventre, qui communiquent avec les huit précédentes ; lorsque dans l’inspiration le thorax est dilaté, l’air entre par le larynx dans le poumon, passe du poumon dans les huit cellules aériennes supérieures, qui attirent aussi, en se dilatant, celui des deux cellules du bas-ventre, et celles-ci s’affaissent à proportion ; lorsque, au contraire, le poumon et les cellules supérieures, s’affaissant dans l’expiration, pressent l’air contenu dans leur cavité, cet air sort en partie par le larynx, et repasse en partie des huit cellules de la poitrine dans les deux cellules du bas-ventre, lesquelles se dilatent alors par une mécanique assez analogue à celle d’un soufflet à deux âmes : mais ce n’est point ici le lieu de développer tous les ressorts de cette mécanique ; il suffira de remarquer que, dans les oiseaux qui ne volent point, comme l’autruche, le casoar, et dans ceux qui volent pesamment, tels que les gallinacés, la quatrième cellule de chaque côté est plus petite[2].

Toutes ces différences d’organisation en entraînent nécessairement beaucoup d’autres, sans parler des hanches membraneuses observées dans quelques oiseaux. M. Duverney a fait voir, sur un coq vivant, que la voix, dans ces oiseaux, ne se formait pas vers le larynx comme dans les quadrupèdes, mais au bas de la trachée-artère, vers la bifurcation[3], où M. Perrault a vu un larynx interne. Outre cela, M. Hérissant a observé dans les principales bronches du poumon des membranes semi-lunaires posées transversalement les unes au-dessus des autres, de façon qu’elles n’occupent que la moitié de la cavité de ces bronches, laissant à l’air un libre cours par l’autre demi-cavité ; et il a jugé, avec raison, que ces membranes devaient concourir à la formation de la voix des oiseaux, mais moins essentiellement encore que la membrane de l’os de la lunette, laquelle termine une cavité assez considérable, qui se trouve au-dessus de la partie supérieure et interne de la poitrine, et qui a aussi quelque communication avec les cellules aériennes supérieures ; cet anatomiste dit s’être assuré, par des expériences réitérées, que, lorsque cette membrane est percée, la voix se perd aussi et que, pour la faire entendre de nouveau, il faut boucher exactement l’ouverture de la membrane, et empêcher que l’air ne puisse sortir[4].

  1. Redi, des Animaux vivants qui se trouvent dans les animaux vivants.
  2. Mém. pour servir à l’hist. des animaux, partie ii, p. 142 et 164.
  3. Anciens Mém. de l’Acad. royale des Sciences, t. XI, p. 7.
  4. Mém. de l’Acad. royale des Sciences, ann. 1753, p. 291.