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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/377

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Aldrovande prétend au contraire que la tête de la femelle a les mêmes couleurs que celle du mâle, mais que son casque est seulement moins élevé et plus obtus[1].

Roberts assure qu’elle n’a pas même de casque[2].

Dampier et Labat, qu’on ne lui voit point ces barbillons rouges et ces caroncules de même couleur, qui, dans le mâle, bordent l’ouverture des narines[3].

M. Barrère dit que tout cela est plus pâle que dans le mâle[4], et que les soies de l’occiput sont plus rares, et telles apparemment qu’elles paraissent dans la pl. cxxvi de Frisch.

Enfin, MM. de l’Académie ont trouvé dans quelques individus ces soies ou filets de l’occiput élevés d’un pouce, en sorte qu’ils formaient comme une petite huppe derrière la tête[5].

Il serait difficile de démêler parmi toutes ces variétés celles qui sont assez profondes, et, pour ainsi dire, assez fixes pour constituer des races distinctes[NdÉ 1] ; et comme on ne peut douter qu’elles ne soient toutes fort récentes, il serait peut-être plus raisonnable de les regarder comme des effets qui s’opèrent encore journellement par la domesticité, par le changement de climat, par la nature des aliments, etc., et de ne les employer dans la description que pour assigner les limites des variations auxquelles sont sujettes certaines qualités de la peintade ; et pour remonter autant qu’il est possible aux causes qui les ont produites, jusqu’à ce que ces variétés, ayant subi l’épreuve du temps et ayant pris la consistance dont elles sont susceptibles, puissent servir de caractère à des races réellement distinctes.

La peintade a un trait marqué de ressemblance avec le dindon, c’est de n’avoir point de plumes à la tête ni à la partie supérieure du cou ; et cela a donné lieu à plusieurs ornithologistes, tels que Belon[6], Gesner[7], Aldrovande[8] et Klein[9], de prendre le dindon pour la méléagride des anciens, mais outre les différences nombreuses et tranchées qui se trouvent, soit

  1. Voyez Ornithologia Aldrov., t. II, p. 336.
  2. Voyages de Roberts au Cap Vert et aux îles, etc., p. 402.
  3. Nouveau voyage de Dampier, t. VI, p. 23. — Il est probable que la crête courte et d’un rouge très vif, dont parle le P. Charlevoix, n’est autre chose que ces caroncules. Voyez son Histoire de l’île Espagnole, t. Ier, p. 28, etc.
  4. Barrère, Ornithologiæ specimen, class. iv, gen. iii, species 6.
  5. Voyez Mémoires sur les animaux, partie ii, p. 80.
  6. Voyez Histoire naturelle des oiseaux, p. 248.
  7. Voyez De avibus, p. 480 et suiv.
  8. Voyez Ornithologiæ, lib. xiii, p. 36.
  9. Prodromus Historiæ avium, p. 112.
  1. Indépendamment de l’espèce commune, on en distingue trois autres : le N. cristata [Note de Wikisource : actuellement Guttera pucherani Hartlaub, vulgairement pintade huppée], dont la tête est ornée d’une crête de plumes ; le N. mitrata [Note de Wikisource : actuellement Numida melagris mitratus Pallas, sous-espèce de l’espèce commune], dont la tête porte une sorte de casque conique ; le N. ptilorhyncha [Note de Wikisource : actuellement non reconnue comme sous-espèce distincte de l’espèce commune], qui porte sur la tête un casque plus petit, et dont le bec est muni, à la base, d’une petite touffe de tiges courtes, à peu près dépourvues de taches.