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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/385

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du millet, selon le P. Margat[1] ; dans l’île de May, avec des cigales et des vers qu’ils trouvent eux-mêmes en grattant la terre avec leurs ongles[2] ; et, selon Frisch, ils vivent de toutes sortes de graines et d’insectes[3].

Le coq peintade produit aussi avec la poule domestique ; mais c’est une espèce de génération artificielle qui demande des précautions : la principale est de les élever ensemble de jeunesse, et les oiseaux métis qui résultent de ce mélange forment une race bâtarde, imparfaite, désavouée, pour ainsi dire, de la nature, et qui, ne pondant guère que des œufs clairs, n’a pu jusqu’ici se perpétuer régulièrement[4].

Les peintadeaux des basses-cours sont d’un fort bon goût, et nullement inferieurs aux perdreaux ; mais les sauvages ou marrons de Saint-Domingue sont un mets exquis et au-dessus du faisan.

Les œufs de peintade sont aussi fort bons à manger.

Nous avons vu que cet oiseau était d’origine africaine, et de là tous les noms qui lui ont été donnés de poule africaine, numidique, étrangère, de poule de Barbarie, de Tunis, de Mauritanie, de Libye, de Guinée (d’où s’est formé le nom de guinette), d’Égypte, de Pharaon et même de Jérusalem : quelques Mahométans s’étant avisés de les annoncer sous le nom de poules de Jérusalem, les vendirent aux chrétiens tout ce qu’ils voulurent[5] ; mais ceux-ci, s’étant aperçus de la fraude, les revendirent à profit à de bons musulmans, sous le nom de poules de la Mecque.

On en trouve à l’île de France et à l’île de Bourbon[6], où elles ont été transplantées assez récemment, et où elles se sont fort bien multipliées[7] ; elles sont connues à Madagascar sous le nom d’acanques[8], et au Congo sous celui de quetèles[9] ; elles sont fort communes dans la Guinée[10], à la côte d’Or, où il ne s’en nourrit de privées que dans le canton d’Acra[11], à Sierra-Leone[12], au Sénégal[13], dans l’île de Gorée, dans celle du cap Vert[14], en Barbarie, en Égypte, en Arabie[15] et en Syrie[16] ; on ne dit point s’il y

  1. Lettres édifiantes, Recueil XX, loco citato.
  2. Nouveau voyage autour du monde, de Dampier, t. IV, p. 22. — Labat, t. II, p. 326 ; et t. III, p. 139.
  3. Frisch, planche cxxvi.
  4. Selon le sieur Fournier.
  5. Longolius apud Gesnerum, de Avibus, p. 479.
  6. M. Aublet.
  7. Voyage autour du monde de La Barbinais Le Gentil, t. XI, p. 608.
  8. François Cauche, Relation de Madagascar, p. 133.
  9. Marcgrave, Hist. nat. Brasil., p. 192.
  10. Margat ; Lettres édifiantes, loco citato.
  11. Voyage de Barbot, p. 217.
  12. Marcgrave, Hist. nat. Brasil., loco citato.
  13. Voyage au Sénégal, de M. Adanson, p. 7.
  14. Dampier, Voyage autour du monde, t. IV, p. 23.
  15. Strabon, lib. xvi.
  16. « Meleagrides fert ultima Syriæ regio. » Diodor. Sicul.