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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/399

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Les mâles et les femelles ont l’ouverture des oreilles fort grande, les doigts unis par une membrane jusqu’à la première articulation, et bordés de dentelures[1], la chair blanche et de facile digestion, la langue molle, un peu hérissée de petites pointes et non divisée ; sous la langue une substance glanduleuse, dans le palais une cavité qui répond exactement aux dimensions de la langue, le jabot très grand, le tube intestinal long de cinquante et un pouces, et les appendices ou cæcums de vingt-quatre ; ces appendices sont sillonnés de six stries ou cannelures[2].

La différence qui se trouve entre les femelles et les mâles ne se borne pas à la superficie, elle pénètre jusqu’à l’organisation intérieure. Le docteur Waygand a observé que l’os du sternum dans les mâles, étant regardé à la lumière, paraissait semé d’un nombre prodigieux de petites ramifications de couleur rouge, lesquelles se croisant et recroisant en mille manières et dans toutes sortes de directions, formaient un réseau très curieux et très singulier ; au lieu que dans les femelles le même os n’a que peu ou point de ces ramifications ; il est aussi plus petit et d’une couleur blanchâtre[3].

Cet oiseau vole le plus souvent en troupe, et se perche sur les arbres à peu près comme le faisan[4] : il mue en été, et il se cache alors dans des lieux fourrés ou dans des endroits marécageux[5] ; il se nourrit principalement de feuilles et de boutons de bouleau et de baies de bruyère, d’où lui est venu son nom français : coq de bruyère, et son nom allemand birck-han, qui signifie coq de bouleau ; il vit aussi de chatons de coudrier, de blé et d’autres graines : l’automne il se rabat sur les glands, les mûres de ronces, les boutons d’aune, les pommes de pin, les baies de myrtille (vitis idœa) de fusain ou bonnet de prêtre ; enfin, l’hiver il se réfugie dans les grands bois où il est réduit aux baies de genièvre, ou à chercher sous la neige celles de l’oxycoccum ou canneberge, appelée vulgairement coussinets de marais[6] ; quelquefois même il ne mange rien du tout pendant les deux ou trois mois du plus grand hiver ; car on prétend qu’en Norvège il passe cette saison rigoureuse sous la neige, engourdi, sans mouvement et sans prendre aucune nourriture[7], comme font dans nos pays plus tempérés les

  1. « Unguis medii digiti ex parte interiore in aciem tenuatus » : expression un peu louche de Willughby ; car si cela signifie que l’ongle du doigt du milieu est tranchant du côté intérieur, nous avons vérifié sur l’oiseau même que le côté extérieur et le côté intérieur de cet ongle sont également tranchants ; et de plus, cet ongle ne diffère que très peu et même point du tout des autres par ce caractère tranchant, ainsi cette observation de Willughby nous paraît mal fondée.
  2. Willughby, p. 124. Schwenckfeld, p. 375.
  3. Voyez Actes de Breslaw, mois de novembre 1725.
  4. British Zoology.
  5. Actes de Breslaw, mois de novembre 1725.
  6. Voyez Schwenckfeld, Aviarium Silesiæ, p. 375. — Rzaczynski, Auctuarium Polon. p. 422. — Willughby, p. 125. — British Zoology, p. 85.
  7. Linnæus, Syst. nat., édit. X, p. 159. — Gesner, de Avibus, p. 495. Les auteurs de la Zoologie britannique avaient remarqué que les perdrix blanches, qui passent l’hiver dans la