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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/412

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d’été, et que son plumage devient presque tout blanc en hiver[1] ; mais il faut donc qu’il perde aussi en été les plumes qui lui couvrent les doigts, car M. Brisson dit positivement qu’elle n’a de plumes que jusqu’à l’origine des doigts, et le ptarmigan de la Zoologie britannique en a jusqu’aux ongles : d’ailleurs ces deux animaux, tels qu’ils sont représentés dans la Zoologie et dans M. Brisson, ne se ressemblent ni par le port, ni par la physionomie, ni par la conformation totale. Quoi qu’il en soit, la gelinotte d’Écosse de M. Brisson est un peu plus grosse que la nôtre, et a la queue plus courte ; elle tient de la gelinotte des Pyrénées par la longueur de ses ailes, par ses pieds garnis antérieurement de plumes jusqu’à l’origine des doigts, par la longueur du doigt du milieu, relativement aux deux latéraux, et par la brièveté du doigt de derrière ; elle en diffère en ce que ses doigts sont sans dentelures, et sa queue sans ses deux plumes longues et étroites, qui sont le caractère le plus frappant de la gelinotte des Pyrénées. Je ne dis rien des couleurs du plumage ; les figures les représenteront plus exactement aux yeux que ma description ne pourrait les peindre à l’esprit : d’ailleurs rien de plus incertain ici pour caractériser les espèces que les couleurs du plumage, puisque ces couleurs varient considérablement d’une saison à l’autre dans le même individu.


LE GANGA

vulgairement la gelinotte des pyrénées[NdÉ 1]

Quoique les noms ne soient pas les choses, cependant il arrive si souvent, et surtout en histoire naturelle, qu’une erreur nominale entraîne une erreur réelle, qu’on ne peut, ce me semble, apporter trop d’exactitude à appliquer toujours à chaque objet les noms qui lui ont été imposés ; et c’est par cette raison que nous nous sommes fait une loi de rectifier, autant qu’il serait en nous, la discordance ou le mauvais emploi des noms.

M. Brisson, qui regarde la perdrix de Damas ou de Syrie de Belon[2] comme étant de la même espèce que sa gelinotte des Pyrénées, range parmi les noms donnés en différentes langues à cette espèce le nom grec συροπέρδιξ, et cite Belon, en quoi il se trompe doublement, car : 1o Belon nous apprend lui-même que l’oiseau qu’il a nommé perdrix de Damas est une espèce différente de celle que les auteurs ont appelée syroperdix,

  1. British Zoology, p. 86.
  2. Brisson, t. Ier, p. 195. Genre v, espèce 4.
  1. Tetrao alchata L. [Note de Wikisource : actuellement Pterocles alchata Linnæus, vulgairement ganga cata ; comme Buffon l’a vu, cet oiseau n’a rien d’une gélinotte : il appartient à un ordre qui se rapproche plutôt des limicoles et des columbiformes que des gallinacés].