Aller au contenu

Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

petits[1] qui courent dès qu’ils sont éclos, comme font la plupart des oiseaux brachyptères ou à ailes courtes[2].

Dès que ces petits sont élevés et qu’ils se trouvent en état de voler, les père et mère les éloignent du canton qu’ils se sont approprié, et ces petits, s’assortissant par paires, vont chercher chacun de leur côté un asile où ils puissent former leur établissement[3], pondre, couver et élever aussi des petits qu’ils traiteront ensuite de la même manière.

Les gelinottes se plaisent dans les forêts, où elles trouvent une nourriture convenable et leur sûreté contre les oiseaux de proie qu’elles redoutent extrêmement, et dont elles se garantissent en se perchant sur les basses branches[4]. Quelques-uns ont dit qu’elles préféraient les forêts en montagnes ; mais elles habitent aussi les forêts en plaines, puisqu’on en voit beaucoup aux environs de Nuremberg : elles abondent aussi dans les bois qui sont aux pieds des Alpes, de l’Apennin et de la montagne des Géants en Silésie, en Pologne, etc. Autrefois elles étaient en si grande quantité, selon Varron, dans une petite île de la mer Ligustique, aujourd’hui le golfe de Gênes, qu’on l’appelait pour cette raison l’île aux Gelinottes.


LA GELINOTTE D’ÉCOSSE

Si cet oiseau[NdÉ 1] est le même que le gallus palustris de Gesner, comme le croit M. Brisson, on peut assurer que la figure qu’en donne Gesner n’est rien moins qu’exacte, puisqu’on n’y voit point de plumes sur les pieds, et qu’on y voit au contraire des barbillons rouges sous le bec : mais aussi ne serait-il pas plus naturel de soupçonner que cette figure est celle d’un autre oiseau ? Quoi qu’il en soit, ce gallus palustris ou coq de marais, est un excellent manger ; et tout ce qu’on sait de son histoire, c’est qu’il se plaît dans les lieux marécageux, comme son nom de coq de marais le fait assez entendre[5]. Les auteurs de la Zoologie britannique prétendent que la gelinotte d’Écosse de M. Brisson n’est autre que le ptarmigan dans son habit

  1. Léonard Frisch, planche cxii.
  2. M. de Bomare, qui d’ailleurs extrait et copie si fidèlement, dit que les gelinottes ne font que deux petits, l’un mâle et l’autre femelle. Voyez le Dictionnaire d’histoire naturelle, à l’article Gelinotte. Rien n’est moins vrai, ni même moins vraisemblable : cette erreur ne peut venir que de celle des nomenclateurs peu instruits, qui ont confondu la gelinotte avec l’oiseau œnas d’Aristote (vinago de Gaza), quoique ce soient des espèces très éloignées, l’œnas étant du genre des pigeons et ne pondant en effet que deux œufs.
  3. Gesner, Ornithologia, p. 23.
  4. Idem, ibidem, p. 229 et 230.
  5. Gesner, De naturâ Avium, p. 23.
  1. Tetrao scoticus Lath. [Note de Wikisource : actuellement Lagopus scotica Latham, vulgairement lagopède d’Écosse ; il est souvent considéré comme une sous-espèce, Lagopus lagopus scotica, du lagopède des saules, en anglais willow ptarmigan, décrit plus loin].