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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/415

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peut-être pas un seul qui convienne exactement à la gelinotte proprement dite.

La femelle est de la même grosseur que le mâle ; mais elle en diffère par son plumage, dont les couleurs sont moins belles, et par les filets de sa queue, qui sont moins longs : il paraît que le mâle a une tache noire sous la gorge, et que la femelle, au lieu de cette tache, a trois bandes de la même couleur qui lui embrassent le cou en forme de collier.

Je n’entre pas dans le détail des couleurs du plumage : elles se rapportent assez avec celles de l’oiseau connu à Montpellier sous le nom d’angel, et dont Jean Culmann avait communiqué la description à Gesner[1] ; mais les deux longues plumes de la queue ne paraissent point dans cette description, non plus que dans la figure, que Rondelet avait envoyée à Gesner, de ce même angel de Montpellier, qu’il prenait pour l’œnas d’Aristote[2] : en sorte qu’on est fondé à douter de l’identité de ces deux espèces (l’angel et le ganga), malgré la convenance du lieu et celle du plumage, à moins qu’on ne suppose que les sujets décrits par Culmann, et dessinés par Rondelet, étaient des femelles qui ont les filets de la queue beaucoup plus courts et par conséquent moins remarquables.

Cette espèce se trouve dans la plupart des pays chauds de l’ancien continent : en Espagne, dans les parties méridionales de la France, en Italie, en Syrie, en Turquie et Arabie, en Barbarie et même au Sénégal ; car l’oiseau représenté sous le nom de gelinotte de Sénégal[NdÉ 1] n’est qu’une variété du ganga ou gelinotte des Pyrénées : il est seulement un peu plus petit, mais il a de même les deux longues plumes ou filets à la queue, les plumes latérales toujours plus courtes par degrés, à mesure qu’elles s’éloignent de celles du milieu, les ailes fort longues, les pieds couverts par devant d’un duvet blanc, le doigt du milieu beaucoup plus long que les latéraux, et celui de derrière extrêmement court ; enfin point de peau rouge au-dessus des yeux, et il ne diffère du ganga d’Europe que par un peu moins de grosseur et un peu plus de rougeâtre dans le plumage : ce n’est donc qu’une variété dans la même espèce, produite par l’influence du climat ; et ce qui prouve que cet oiseau est très différent de la gelinotte et doit par conséquent porter un autre nom, c’est que, indépendamment des caractères distinctifs de sa figure, il habite partout les pays chauds, et ne se trouve ni dans les climats froids, ni même dans les tempérés ; au lieu que la gelinotte ne se trouve en nombre que dans les climats froids.

C’est ici le lieu de rapporter ce que M. Shaw nous apprend du kittaviah[NdÉ 2]

  1. « Plumis ex fusco colore in nigrum vergentibus, et luteis in rufum », dit Gesner, en parlant de l’angel, p. 307. — « Olivaceo, flavicante nigro, et rufo varia », dit M. Brisson, en parlant de la gelinotte des Pyrénées.
  2. Voyez Gesner, De naturâ Avium, p. 307.
  1. Tetrao senegalus et Tetrao Namaqua Lath. [Note de Wikisource : actuellement Pterocles senegallus Linnæus, vulgairement ganga tacheté].
  2. Le kittaviah est le même oiseau que le ganga.