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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/419

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Cet oiseau est plus gros que la bartavelle, et pose environ dix-neuf onces ; ses yeux sont surmontés par deux sourcils rouges fort grands, lesquels sont formés d’une membrane charnue, arrondie et découpée par le dessus, et qui s’élève plus haut que le sommet de la tête ; les ouvertures des narines sont revêtues de petites plumes qui font un effet assez agréable ; le plumage est mêlé de roux, de noir et de blanc ; mais la femelle a moins de roux et plus de blanc que le mâle ; la membrane de ses sourcils est moins saillante et beaucoup moins découpée, d’un rouge moins vif, et, en général, les couleurs de son plumage sont plus faibles[1] ; de plus, elle est dénuée de ces plumes noires pointillées de blanc qui forment au mâle une huppe sur la tête, et sous le bec une espèce de barbe[2].

Le mâle et la femelle ont la queue à peu près comme la perdrix, mais un peu plus longue ; elle est composée de seize pennes, et les deux du milieu sont variées des mêmes couleurs que celles du dos, tandis que toutes les latérales sont noires ; les ailes sont fort courtes, elles ont chacune vingt-quatre pennes, et c’est la troisième à compter du bout de l’aile qui est la plus longue de toutes ; les pieds sont revêtus de plumes jusqu’aux doigts, selon M. Brisson, et jusqu’aux ongles, selon Willughby : ces ongles sont noirâtres, ainsi que le bec ; les doigts gris bruns, et bordés d’une bande membraneuse étroite et dentelée. Belon assure avoir vu dans le même temps, à Venise, des francolins (c’est ainsi qu’il nomme nos attagas) dont le plumage était tel qu’il vient d’être dit, et d’autres qui étaient tout blancs, et que les Italiens appelaient du même nom de francolins : ceux-ci ressemblaient exactement aux premiers, à l’exception de la couleur ; et, d’un autre côté, ils avaient tant de rapport avec la perdrix blanche de Savoie, que Belon les regarde comme appartenant à l’espèce que Pline a désignée sous le nom lagopus altera[3]. Selon cette opinion, qui me paraît fondée, l’attagen de Pline serait notre attagas à plumage varié ; et la seconde espèce de lagopus serait notre attagas blanc[NdÉ 1], qui diffère de l’autre attagas par la blancheur de son plumage, et de la première espèce de lagopus, appelée vulgairement perdrix blanche, soit par sa grandeur, soit par ses pieds, qui ne sont pas velus en dessous.

Tous ces oiseaux, selon Belon, vivent de grains et d’insectes : la Zoologie britannique ajoute les sommités de bruyère[4] et les baies des plantes qui croissent sur les montagnes.

L’attagas est en effet un oiseau de montagne ; Willughby assure qu’il des-

  1. British Zoology, p. 85.
  2. Aldrovande, de Avibus, t. II, p. 76.
  3. Belon, Nature des oiseaux, p. 242.
  4. British Zoology, p. 85.
  1. Cuvier considère le Lagopus de Pline comme représentant notre Lagopède, et son Attagen comme répondant à notre Ganga.