Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/424

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tête les deux traits noirs qui, dans le mâle, vont de la base du bec aux yeux, et même au delà des yeux en se dirigeant vers les oreilles : à cela près, le mâle et la femelle se ressemblent dans tout le reste quant à la forme extérieure, et tout ce que j’en dirai dans la suite sera commun à l’un et à l’autre.

La blancheur des lagopèdes n’est pas universelle et sans aucun mélange dans le temps même où ils sont le plus blancs, c’est-à-dire au milieu de l’hiver : la principale exception est dans les pennes de la queue, dont la plupart sont noires, avec un peu de blanc à la pointe ; mais il paraît, par les descriptions, que ce ne sont pas constamment les mêmes pennes qui sont de cette couleur. Linnæus, dans sa Fauna suecica, dit que ce sont les pennes du milieu qui sont noires[1] ; et, dans son Systema naturæ, il dit[2], avec MM. Brisson et Willughby[3], que ces mêmes pennes sont blanches et les latérales noires ; tous ces naturalistes n’y ont pas regardé d’assez près. Dans les sujets que nous avons examinés, nous avons trouvé la queue composée de deux rangs de plumes l’un sur l’autre ; celui de dessus blanc en entier, et celui de dessous noir, ayant chacun quatorze plumes[4]. Klein parle d’un oiseau de cette espèce qu’il avait reçu de Prusse le 20 janvier 1747, et qui était entièrement blanc, excepté le bec, la partie inférieure de la queue et la tige de six pennes de l’aile. Le pasteur lapon Samuel Rhéen, qu’il cite, assure que sa poule de neige, qui est notre lagopède, n’avait pas une seule plume noire, excepté la femelle, qui en avait une de cette couleur à chaque aile[5] ; et la perdrix blanche dont parle Gesner[6] était en effet toute blanche, excepté autour des oreilles, où elle avait quelques marques noires ; les couvertures de la queue, qui sont blanches et s’étendent par toute sa longueur et recouvrent les plumes noires, ont donné lieu à la plupart de ces méprises. M. Brisson compte dix-huit pennes dans la queue, tandis que Willughby et la plupart des autres ornithologistes n’en comptent que seize, et qu’il n’y en a réellement que quatorze ; il semble que le plumage de cet oiseau, tout variable qu’il est, est sujet à moins de variétés que l’on n’en trouve dans les descriptions des naturalistes[7]. Les ailes ont

  1. « Tetrao rectricibus albis, intermediis nigris, apice albis. » Faun. suec., no 169.
  2. « Tetrao pedibus lanatis, remigibus albis, rectricibus nigris, apice albis, intermediis totis albis. » Syst. nat., édit. X, p. 159, no 91, art. iv.
  3. Willughby, p. 127, no 5.
  4. On ne peut compter exactement le nombre de ces plumes qu’en déplumant, comme nous l’avons fait, le dessus et le dessous du croupion de ces oiseaux ; et c’est ainsi que nous nous sommes assuré qu’il y en a quatorze blanches en dessus et quatorze noires en dessous.
  5. Klein, p. 173.
  6. Gesner, p. 577.
  7. Il n’est pas étonnant que les auteurs diffèrent du blanc au noir sur la couleur des plumes latérales de la queue de cet oiseau ; car en déployant et étendant cette queue avec la main, on est absolument le maître de terminer les côtés par des plumes noires ou par des plumes blanches, parce qu’on peut les étendre et les placer également de côté. M. Daubenton le jeune a très bien remarqué qu’il y aurait encore une autre manière de se décider ici sur