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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/474

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OISEAUX ÉTRANGERS
QUI PARAISSENT AVOIR RAPPORT AVEC LE PAON ET AVEC LE FAISAN

(Je range sous ce titre indécis quelques oiseaux étrangers, trop peu connus pour qu’on puisse leur assigner une place plus fixe.)

I.LE CHINQUIS.

Dans l’incertitude où je suis si cet oiseau est un véritable paon ou non, je lui donne, ou plutôt je lui conserve le nom de chinquis[NdÉ 1], formé de son nom chinois chin-tchien-khi : c’est la dixième espèce du genre des faisans de M. Brisson[1] ; il se trouve au Thibet, d’où cet auteur a pris occasion de le nommer paon du Thibet : sa grosseur est celle de la peintade ; il a l’iris des yeux jaune, le bec cendré, les pieds gris, le fond du plumage cendré, varié de lignes noires et de points blancs ; mais ce qui en fait l’ornement principal et distinctif, ce sont de belles et grandes taches rondes d’un bleu éclatant, changeant en violet et en or, répandues une à une sur les plumes du dos et les couvertures des ailes, deux à deux sur les pennes des ailes, et quatre à quatre sur les longues couvertures de la queue, dont les deux du milieu sont les plus longues de toutes, les latérales allant toujours en se raccourcissant de chaque côté.

On ne sait, ou plutôt on ne dit rien de son histoire, pas même s’il fait la roue en relevant en éventail ses belles plumes chargées de miroirs.

Il ne faut pas confondre le chinquis avec le kinki, ou poule dorée de la Chine, dont il est parlé dans les relations de Navarette, Trigault, du Halde, et qui, autant qu’on en peut juger par des descriptions imparfaites, n’est autre chose que notre tricolor huppé[2].

II.LE SPICIFÈRE.

J’appelle ainsi le huitième faisan de M. Brisson[3], qu’Aldrovande a nommé paon du Japon, tout en avouant qu’il ne ressemblait à notre paon que par les pieds et la queue[4].

Je lui ai donné le nom de spicifère à cause de l’aigrette en forme d’épi qui s’élève sur sa tête[NdÉ 2] : cette aigrette est haute de quatre pouces, et paraît émaillée de vert et de bleu ; le bec est de couleur cendrée, plus long et plus

  1. Voyez Brisson, Ornithologie, t. Ier, p. 294.
  2. Voyez M. l’abbé Prevost, Hist. générale des Voyages, t. VI, p. 487.
  3. Brisson, Ornithologie, t. Ier, p. 289.
  4. Aldrovande, Ornithologia, t. II, p. 35.
  1. C’est probablement le Pavo bicalcaratus Gm. [Note de Wikisource : actuellement Polyplectron bicalcaratum Linnæus, vulgairement l’éperonnier chinquis].
  2. C’est le Pavo muticus L. [Note de Wikisource : actuellement Pavo muticus Linnæus, vulgairement le paon spicifère].