Aller au contenu

Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/475

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

menu que celui du paon ; l’iris est jaune, et le tour des yeux rouge comme dans le faisan : les plumes de la queue sont en plus petit nombre, le fond en est plus rembruni et les miroirs plus grands, mais brillant des mêmes couleurs que dans notre paon d’Europe ; la distribution des couleurs forme sur la poitrine, le dos et la partie des ailes la plus proche du dos, des espèces d’écailles qui ont différents reflets en différents endroits, bleus sur la partie des ailes la plus proche du dos, bleus et verts sur le dos, bleus, verts et dorés sur la poitrine ; les autres pennes de l’aile sont vertes dans le milieu de leur longueur, ensuite jaunâtres, et finissent par être noires à leur extrémité : le sommet de la tête et le haut du cou ont des taches bleues mêlées de blanc sur un fond verdâtre.

Telle est à peu près la description qu’Aldrovande a faite du mâle, d’après une figure peinte que l’empereur du Japon avait envoyée au pape ; il ne dit point s’il étale sa queue comme notre paon ; ce qu’il y a de certain, c’est qu’il ne l’étale point dans la figure d’Aldrovande, et qu’il y est même représenté sans éperons aux pieds, quoique Aldrovande n’ait pas oublié d’en faire paraître dans la figure du paon ordinaire, qu’il a placée vis-à-vis pour servir d’objet de comparaison.

Selon cet auteur, la femelle est plus petite que le mâle ; elle a les mêmes couleurs que lui sur la tête, le cou, la poitrine, le dos et les ailes ; mais elle en diffère en ce qu’elle a le dessus du corps noir, et en ce que les couvertures du croupion, qui sont beaucoup plus courtes que les pennes de la queue, sont ornées de quatre ou cinq miroirs assez larges relativement à la grandeur des plumes : le vert est la couleur dominante de la queue, les pennes en sont bordées de bleu, et les tiges de ces pennes sont blanches.

Cet oiseau paraît avoir beaucoup de rapport avec celui dont parle Kæmpfer, dans son Histoire du Japon, sous le nom de faisan[1] : ce que j’en ai dit suffit pour faire voir qu’il a plusieurs traits de conformité et plusieurs traits de dissemblance, soit avec le paon, soit avec le faisan, et que, par conséquent, il ne devait point avoir d’autre place que celle que je lui donne ici.

III.L’ÉPERONNIER.

Cet oiseau n’est guère connu que par la figure et la description que M. Edwards a publiées du mâle et de la femelle[2] et qu’il avait faites sur le vivant[NdÉ 1].

  1. « Il y a au Japon une espèce de faisans qui se distinguent par la diversité de leurs couleurs, par l’éclat de leurs plumes et par la beauté de leur queue, qui égale en longueur la moitié de la hauteur d’un homme, et qui par ce mélange et par une variété charmante des plus belles couleurs, particulièrement de l’or et de l’azur, ne cède en rien à celle du paon. » Kæmpfer, Histoire du Japon, t. Ier, p. 112.
  2. Edwards, Hist. nat. of Birds, planches lxvii et lxix.
  1. D’après Cuvier, l’Éperonnier et le Chinquis de Buffon répondent à une même espèce qui est soit le Pavo bicalcaratus, soit le Pavo thibetanus de Gmelin. [Note de Wikisource : c’est en effet l’actuel Polypectron bicalcaratum Linnæus, vulgairement éperonnier chinquis.]