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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/479

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M. Barrère[1], le hocco de la Guiane ou douzième faisan de M. Brisson[2] ; mais j’y rapporte encore comme variétés le hocco du Brésil ou onzième faisan de M. Brisson[3], son hocco de Curassou, qui est son treizième faisan[4], le hocco du Pérou, et même la poule rouge du Pérou d’Albin[5], le coxolissi de Fernandez[6], et le seizième faisan de M. Brisson[7]. Je me fonde sur ce que cette multitude de noms désigne des oiseaux qui ont beaucoup de qualités communes, et qui ne diffèrent entre eux que par la distribution des couleurs, par quelque diversité dans la forme et les accessoires du bec, et par d’autres accidents qui peuvent varier dans la même espèce à raison de l’âge, du sexe, du climat, et surtout dans une espèce aussi facile à apprivoiser que celle-ci, qui même l’a été en plusieurs cantons et qui, par conséquent, doit participer aux variétés auxquelles les oiseaux domestiques sont si sujets[8].

MM. de l’Académie avaient ouï dire que leur coq indien avait été apporté d’Afrique, où il s’appelait ano[9] : mais, comme Marcgrave et plusieurs autres observateurs nous apprennent que c’est un oiseau du Brésil, et que d’ailleurs on voit clairement, en comparant les descriptions et les figures les plus exactes, qu’il a les ailes courtes et le vol pesant, il est difficile de se persuader qu’il ait pu traverser d’un seul vol la vaste étendue des mers qui séparent les côtes d’Afrique de celles du Brésil, et il paraît beaucoup plus naturel de supposer que les sujets observés par MM. de l’Académie, s’ils étaient réellement venus d’Afrique, y avaient été portés précédemment du Brésil ou de quelque autre contrée du nouveau monde. On peut juger, d’après les mêmes raisons, si la dénomination de coq de Perse, employée par Jonston, est applicable à l’oiseau dont il s’agit ici[10].

Le hocco approche de la grosseur du dindon : l’un de ses plus remarquables attributs, c’est une huppe noire, et quelquefois noire et blanche, haute de deux à trois pouces, qui s’étend depuis l’origine du bec jusque derrière la tête, et que l’oiseau peut coucher en arrière et relever à son gré, selon qu’il est affecté différemment. Cette huppe est composée de plumes étroites et comme étagées, un peu inclinées en arrière, mais dont la pointe revient et se courbe en avant. Parmi ces plumes, MM. de l’Académie en ont

  1. Barrère, Ornithologiæ specimen, p. 82 et 83 ; et France équinoxiale, p. 140.
  2. Brisson, Ornithologie, t. Ier, p. 298.
  3. Ibidem, p. 296.
  4. Ibidem, p. 300.
  5. Albin, Hist. nat. des oiseaux, t. III, pl. xl. « Elle est de la même grandeur et figure que la poule de Carasou (t. II, planches xxxi et xxxii), et paraît être de la même espèce » ; c’est ainsi que parle Albin, qui a eu l’avantage de dessiner ces deux oiseaux vivants.
  6. Fernandez, Hist. Avium, cap. xl, p. 23.
  7. Brisson, Ornithologie, t. Ier, p. 305.
  8. Le chevalier Hans Sloane dit précisément que leur plumage varie de différentes manières, comme celui de notre volaille ordinaire, t. II, p. 302, pl. cclx.
  9. Mémoires de l’Académie, t. III, partie i, p. 223.
  10. Jonston l’appelle coq de Perse, disent MM. de l’Académie, t. III, partie i, p. 223.