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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/514

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celle de Willughby, qui n’en a parlé que d’après Belon ; la seconde, que cette perdrix de Damas diffère du francolin et par sa petitesse, puisqu’elle est moins grosse que la perdrix grise, selon Belon, et par son plumage, et par ses pieds velus, qui ont empêché Belon de la ranger parmi les râles de genêt ou les pluviers.

M. Linnæus aurait dû reconnaître le francolin de Tournefort dans celui d’Olina, dont Willughby fait mention[1] ; enfin, le naturaliste suédois se trompe encore en fixant exclusivement l’Orient pour le climat du francolin, puisque cet oiseau se trouve, comme je l’ai déjà remarqué, en Sicile, en Italie, en Espagne, en Barbarie, et dans quelques autres contrées qui n’appartiennent point à l’Orient.

Aristote met l’attagen, que Belon regarde comme le francolin, au rang des oiseaux pulvérateurs et frugivores[2] : Belon lui fait dire de plus que cet oiseau pond un grand nombre d’œufs[3], quoique cela ne se trouve point à l’endroit cité ; mais c’est une conséquence que l’on peut tirer, dans les principes d’Aristote, de ce que cet oiseau est frugivore et pulvérateur. Belon dit encore, d’après les anciens, que le francolin est fréquent dans la campagne de Marathon, parce qu’il se plaît dans les lieux marécageux ; et cela s’accorde très bien avec ce que M. de Tournefort rapporte des francolins de Samos[4].


LE BIS-ERGOT

La première espèce qui nous paraît voisine du francolin, c’est l’oiseau qui nous a été donné sous le nom de perdrix du Sénégal[NdÉ 1] : cet oiseau a à chaque pied deux ergots, ou plutôt deux tubercules de chair dure et calleuse ; et comme c’est une espèce ou race particulière, nous lui avons donné le nom de bis-ergot, à cause de ce caractère de deux ergots qu’il a à chaque pied. Je le place à la suite des francolins, parce qu’il me paraît avoir plus de rapports avec eux qu’avec les perdrix, soit par sa grosseur, soit par la longueur du bec et des ailes, soit par ses éperons.


  1. Willughby, Ornithologie, p. 125.
  2. Aristote, Historia animalium, lib. ix, cap. xlix.
  3. « Avis multipare est attagen. » Belon, Nat. des oiseaux, p. 241.
  4. Tournefort, t. Ier, p. 412.
  1. Pternistes bicalcaratus (Tetrao bicalcaratus L.) [Note de Wikisource : actuellement Pternistis bicalcaratus Linnæus, vulgairement francolin à double éperon]. — Les Pternistes se distinguent des Francolins par la présence, à la gorge, d’un espace nu, vivement coloré.