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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/532

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avons vu plus haut que les Chinois se servaient de l’oiseau vivant pour s’échauffer les mains.

On se sert aussi de la femelle, ou d’un appeau qui imite son cri, pour attirer les mâles dans le piège : on dit même qu’il ne faut que leur présenter un miroir avec un filet au-devant, où ils se prennent, en accourant à leur image, qu’ils prennent pour un autre oiseau de leur espèce ; à la Chine on les prend au vol avec des troubles légères que les Chinois manient fort adroitement[1] ; en général, tous les pièges qui réussissent pour les autres oiseaux sont bons pour les cailles, surtout pour les mâles, qui sont moins défiants et plus ardents que leurs femelles, et que l’on mène partout où l’on veut en imitant la voix de celles-ci.

Cette ardeur des cailles a donné lieu d’attribuer à leurs œufs[2], à leur graisse, etc., la propriété de relever les forces abattues et d’exciter les tempéraments fatigués ; on a même été jusqu’à dire que la seule présence d’un de ces oiseaux dans une chambre procurait aux personnes qui y couchaient des songes vénériens[3] ; il faut citer les erreurs afin qu’elles se détruisent elles-mêmes.


LE CHROKIEL OU GRANDE CAILLE DE POLOGNE

Nous ne connaissons cette caille[NdÉ 1] que par le jésuite Rzaczynski, auteur polonais, et qui mérite d’autant plus de confiance sur cet article, qu’il parle d’un oiseau de son pays : elle paraît avoir la même forme, le même instinct que la caille ordinaire, dont elle ne diffère que par sa grandeur[4] ; c’est pourquoi je la considère simplement comme une variété de cette espèce.

Jobson dit que les cailles de la Gambra sont aussi grosses que nos bécasses[5] : si le climat n’était pas aussi différent, je croirais que ce serait le même oiseau que celui de cet article.


  1. Gemelli Careri.
  2. « Ova coturnicis inuncta testibus voluptatem inducunt, et pota libidinem augent. » Kiranides.
  3. Frisch, planche cxvii.
  4. Voyez Rzaczynski, Hist. nat. Poloniæ, p. 277.
  5. Voyez Collection de Purchass, t. II, p. 1567.
  1. On ignore quel est l’oiseau dont parle ici Buffon. [Note de Wikisource : D’après Stéphane Schmitt, dernier éditeur en date de Buffon, cet article, rédigé par Guéneau de Montbeillard, décrit un râle des genêts ; voyez l’article dédié.]