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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/540

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voler, aux autres colins ; mais il en diffère par son plumage : le fauve mêlé de blanc est la couleur dominante du dessus du corps, et le fauve seul celle du dessous et des pieds ; le sommet de la tête est noir et blanc, et deux bandes de la même couleur descendent des yeux sur le cou : il se tient dans les terres cultivées. Voilà ce que dit Fernandez, et c’est faute de l’avoir lu avec assez d’attention, ou plutôt c’est pour avoir suivi M. Ray que M. Brisson dit que le coyolcos ressemble à notre caille par son chant, son vol, etc.[1] ; tandis que Fernandez assure positivement qu’il ressemble aux cailles, ainsi appelées par le vulgaire, c’est-à-dire aux colins, et que c’est en effet une espèce de perdrix[2].

VI.LE COLENICUI.

Frisch donne (pl. cxiii) la figure d’un oiseau qu’il appelle petite poule de bois d’Amérique et qui ressemble, selon lui, aux gelinottes par le bec et les pieds, et par sa forme totale, quoique cependant elle n’ait ni les pieds garnis de plumes, ni les doigts bordés de dentelures, ni les yeux ornés de sourcils rouges, ainsi qu’il paraît par sa figure. M. Brisson, qui regarde cet oiseau comme le même que le colenicuiltic de Fernandez[3], l’a rangé parmi les cailles sous le nom de caille de la Louisiane, et en a donné la figure[4] ; mais en comparant les figures ou les descriptions de M. Brisson, de Frisch et de Fernandez, j’y trouve de trop grandes différences pour convenir qu’elles puissent se rapporter toutes au même oiseau ; car sans m’arrêter aux couleurs du plumage, si difficiles à bien peindre dans une description, et encore moins à l’attitude, qui n’est que trop arbitraire, je remarque que le bec et les pieds sont gros et jaunâtres, selon M. Frisch, rouges et de médiocre grosseur, selon M. Brisson, et que les pieds sont bleus, selon Fernandez[5].

Que si je m’arrête à l’idée que l’aspect de cet oiseau[NdÉ 1] a fait naître chez ces trois naturalistes, l’embarras ne fait qu’augmenter, car M. Frisch n’y a vu qu’une poule de bois, M. Brisson qu’une caille, et Fernandez qu’une perdrix ; car, quoique celui-ci dise au commencement du chapitre xxv que c’est une espèce de caille, il est visible qu’il se conforme en cet endroit au langage vulgaire ; car il finit ce même chapitre en assurant que le colenicuiltic ressemble par sa grosseur, son chant, ses mœurs et par tout le reste (ceteris cunctis) à l’oiseau du chapitre xxiv : or, cet oiseau du chapitre xxiv

  1. Voyez Brisson, Ornithologie, t. Ier, p. 256.
  2. « Perdicis Hispanicæ… species est… » Historia animalium Novæ Hispaniæ, p. 19, cap. xxiv.
  3. Fernandez, Hist. avium Novæ Hispaniæ, cap. xxv, p. 19.
  4. Brisson, Ornithologie, t. Ier, p. 258 ; et planche xxii.
  5. Fernandez, à l’endroit cité, p. 20.
  1. Perdix borealis Temm. [Note de Wikisource : actuellement Colinus virginianus Linnæus, vulgairement colin de Virginie].