Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/563

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de pigeon à la couronne blanche : comme il est de la même grosseur que notre pigeon sauvage, et qu’il niche et multiplie de même dans les trous des rochers, on ne peut guère douter qu’il ne soit de la même espèce.

On voit, par cette énumération, que notre pigeon sauvage d’Europe se trouve au Mexique, à la Nouvelle-Espagne, à la Martinique, à Cayenne, à la Caroline, à la Jamaïque, c’est-à-dire dans toutes les contrées chaudes et tempérées des Indes occidentales ; et qu’on le retrouve aux Indes orientales, à Amboine et jusqu’aux Philippines.


LE RAMIER

Comme cet oiseau[NdÉ 1] est beaucoup plus gros que le biset, et que tous deux tiennent de très près au pigeon domestique, on pourrait croire que les petites races de nos pigeons de volière sont issues des bisets et que les plus grandes viennent des ramiers, d’autant plus que les anciens étaient dans l’usage d’élever des ramiers[1], de les engraisser et de les faire multiplier ; il se peut donc que nos grands pigeons de volière, et particulièrement les gros pattus, viennent originairement des ramiers ; la seule chose qui paraîtrait s’opposer à cette idée, c’est que nos petits pigeons domestiques produisent avec les grands, au lieu qu’il ne paraît pas que le ramier produise avec le biset, puisque tous deux fréquentent les mêmes lieux sans se mêler ensemble. La tourterelle, qui s’apprivoise encore plus aisément que le ramier, et que l’on peut facilement élever et nourrir dans les maisons, pourrait, à égal titre, être regardée comme la tige de quelques-unes de nos races de pigeons domestiques, si elle n’était pas, ainsi que le ramier, d’une espèce particulière et qui ne se mêle pas avec les pigeons sauvages ; mais on peut concevoir que des animaux qui ne se mêlent pas dans l’état de nature, parce que chaque mâle trouve une femelle de son espèce, doivent se mêler dans l’état de captivité, s’ils sont privés de leur femelle propre et

  1. « Palumbes antiqui cellares habebant quas pascendo saginabant. » Perrottus apud Gesnerum, de Avibus, p. 310.
  1. Le Ramier (Palumbus torquatus [Note de Wikisource : actuellement Columba palumbus Linnæus, vulgairement pigeon ramier]) « a la tête, la nuque et la gorge d’un bleu foncé ; le haut du dos et les ailes d’un gris bleu foncé ; le bas du dos et le croupion bleu clair ; la tête et la poitrine gris vineux ; le bas du ventre blanc, le reste de la partie inférieure bleu clair ; la partie inférieure du cou ornée de chaque côté d’une tache blanche brillante : le derrière et les côtés du cou d’un vert doré, à reflets bleu et cuivre rosé ; les rémiges gris ardoisé, avec les primaires bordées de blanc ; les rectrices d’un cendré foncé en dessus, passant au noir vers l’extrémité, avec une large bande transversale d’un gris bleuâtre en dessous ; l’œil jaune de soufre clair, le bec jaune pâle à la pointe, rouge à la racine ; les pattes d’un rouge bleuâtre. Cet oiseau a 45 centimètres de long et 79 centimètres d’envergure ; la longueur de l’aile est de 25 centimètres, celle de la queue 18. La femelle est un peu plus petite que le mâle, et les jeunes ont des teintes plus mates. » (Brehm.)