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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/571

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cien continent ; on les retrouve dans le nouveau[1] et jusque dans les îles de la mer du Sud[2] : elles sont, comme les pigeons, sujettes à varier, et quoique naturellement plus sauvages, on peut néanmoins les élever de même, et les faire multiplier dans des volières. On unit aisément ensemble les différentes variétés ; on peut même les unir au pigeon et leur faire produire des métis ou des mulets, et former ainsi de nouvelles races ou de nouvelles variétés individuelles. « J’ai vu, m’écrit un témoin digne de foi[3], dans le Bugey, chez un chartreux, un oiseau né du mélange d’un pigeon avec une tourterelle ; il était de la couleur d’une tourterelle de France, il tenait plus de la tourterelle que du pigeon ; il était inquiet, et troublait la paix dans la volière. Le pigeon père était d’une très petite espèce, d’un blanc parfait, avec les ailes noires. » Cette observation, qui n’a pas été suivie jusqu’au point de savoir si le métis provenant du pigeon et de la tourterelle était fécond, ou si ce n’était qu’un mulet stérile, cette observation, dis-je, prouve au moins la très grande proximité de ces deux espèces : il est donc fort pos-

    de temps. Bosman, Voyage de Guinée, p. 416. — Il y a des tourterelles aux Philippines, aux îles de Pulo-Condor, à Sumatra. Dampier, t. Ier, p. 406 ; t. II, p. 82, et t. III, p. 155. — Il y a ici (à la Nouvelle-Hollande) quantité de tourterelles dodues et grasses, qui sont un très bon manger. Idem, t. IV, p. 139.

  1. Les campagnes du Chili sont peuplées d’une infinité d’oiseaux, particulièrement de pigeons ramiers et de beaucoup de tourterelles. Voyage de Frésier, p. 74… Les pigeons ramiers y sont amers, et les tourterelles n’y sont pas un grand régal. Idem, p. 111. — À la Nouvelle-Espagne il y a plusieurs oiseaux d’Europe, comme des pigeons, des tourterelles grandes comme celles d’Europe, et de petites comme des grives. Gemelli Careri, t. VI, p. 212. — Je n’ai vu en aucun endroit du monde une aussi grande quantité de tourterelles et de pigeons ramiers qu’à Areca, au Pérou. Le Gentil, t. Ier, p. 94. — Il y a dans les terres de la baie de Campêche trois sortes de tourterelles ; les unes ont le jabot blanc, le reste du plumage d’un gris tirant sur le bleu, ce sont les plus grosses, et elles sont bonnes à manger. Les autres sont de couleur brune par tout le corps, moins grasses et plus petites que les premières : ces deux espèces volent par paires et vivent des baies qu’elles cueillent sur les arbres. Les troisièmes sont d’un gris fort sombre, on les appelle tourterelles de terre, elles sont beaucoup plus grosses qu’une alouette, rondes et dodues ; elles vont par couple sur la terre. Voyage de Dampier, t. III, p. 310. — On croit communément qu’il y a à Saint-Domingue des perdrix rouges et des ortolans ; on se trompe, ce sont différentes espèces de tourterelles ; les nôtres y sont surtout fort communes. Charlevoix, Histoire de Saint-Domingue, t. Ier, p. 28 et 29. — À la Martinique et aux Antilles les tourterelles ne se trouvent guère que dans les endroits écartés, où elles sont peu chassées ; celles de l’Amérique m’ont paru un peu plus grosses que celles de France… Dans le temps qu’elles font leurs petits on en prend beaucoup de jeunes avec des filets, on les nourrit dans des volières, elles s’y engraissent parfaitement bien, mais elles n’ont pas le goût si fin que les sauvages ; il est presque impossible de les apprivoiser. Celles qui vivent en liberté se nourrissent de prunes de monbin et d’olives sauvages, dont les noyaux leur restent assez longtemps dans le jabot, ce qui a fait croire à quelques-uns qu’elles mangeaient de petites pierres : elles sont ordinairement fort grasses et de bon goût. Nouveau voyage aux îles de l’Amérique, t. II, p. 237.
  2. Dans les îles enchantées de la mer du Sud, nous vîmes des tourterelles qui étaient si familières, qu’elles venaient se percher sur nous. Hist. des navig. aux terres Australes, t. II, p. 52… Il y a force tourterelles aux îles Gallapagos, dans la mer du Sud ; elles sont si privées, qu’on en peut tuer cinq ou six douzaines en une après-midi avec un simple bâton. Nouveau voyage aux îles de l’Amérique, t. II, p. 67.
  3. M. Hébert, que j’ai déjà cité plus d’une fois.