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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/577

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et ensuite par M. Brisson[1], étant du même climat que la précédente, et n’en différant pas assez pour faire une espèce à part, doit être regardée comme une variété dans l’espèce de la tourte, et c’est par cette raison que nous ne lui avons pas donné de nom propre et particulier[NdÉ 1].

Au reste, nous observerons que cet oiseau a beaucoup de rapport avec celui donné par M. Edwards, et que le sien pourrait bien être la femelle du nôtre[2]. La seule chose qui s’oppose à cette présomption fondée sur les ressemblances, c’est la différence des climats. On a dit à M. Edwards que son oiseau venait des Indes orientales, et le nôtre se trouve en Amérique : ne se pourrait-il pas qu’il y eût erreur sur le climat dans M. Edwards ? Ces oiseaux se ressemblent trop entre eux, et ne sont pas assez différents de la tourte, pour qu’on puisse se persuader qu’ils sont de climats si éloignés ; car nous sommes assurés que celui dont nous donnons la représentation a été envoyé de la Jamaïque au Cabinet du Roi.

VIII.LE COCOTZIN.

L’oiseau d’Amérique, indiqué par Fernandez[3] sous le nom de cocotzin[NdÉ 2], que nous lui conservons parce qu’il est d’une espèce différente de toutes les autres ; et, comme il est aussi plus petit qu’aucune des tourterelles, plusieurs naturalistes l’ont désigné par ce caractère en l’appelant petite tourterelle[4], d’autres l’ont appelé ortolan[5], parce que, n’étant guère plus gros que cet oiseau, il est de même très bon à manger. On l’a représenté sous les dénominations de petite tourterelle de Saint-Domingue, fig. 1, et petite tourterelle de la Martinique, fig. 2[NdÉ 3]. Mais, après les avoir examinés et comparés en nature, nous présumons que tous deux ne font que la même espèce

  1. Ornithol., t. Ier, p. 135, avec une figure, pl. xiii, fig. 1.
  2. Edwards, Nat. hist. of Birds, t. Ier, pl. xiv.
  3. Cocotzin. Hist. nat. nov. Hisp., p. 24, cap. xliv. — Cocotti. Idem, ibidem, p. 23, cap. xlii. — Cocotzin aliud genus. Idem, ibidem, p. 24, cap. xliv. Ces trois oiseaux ne nous paraissent être que de légères variétés dans la même espèce.
  4. « Turtur minimus, alis maculosis. » Ray, Syn. Avi., p. 184, no 25. — « Turtur minimus, guttatus. » Sloane, Jamaïc., p. 305. — « Columba subfusca minima, etc. » Browne, Nat. hist. of Jamaïc. ; p. 469. — Petite tourterelle tachetée. Catesby, t. Ier, p. 26, avec une figure coloriée de la femelle, pl. xxvi.
  5. Ortolan de la Martinique. Du Tertre, Hist. des Antilles, t. II, p. 254. — Les oiseaux à qui nos insulaires donnent le nom d’ortolan ne sont que des tourterelles beaucoup plus petites que celles d’Europe… Leur plumage est d’un gris cendré, le dessous de la gorge tire un peu sur le roux ; elles vont toujours par couples, et on en trouve beaucoup dans les bois. Ces oiseaux aiment à voir le monde, se promenant dans les chemins sans s’effaroucher, et quand on les prend jeunes, ils deviennent très privés ; ce sont des pelotons d’une graisse qui a un goût excellent. Nouveau voyage aux îles de l’Amérique, t. II, p. 237.
  1. Columba cyanocephala L. [Note de Wikisource : actuellement Starnoenas cyanocephala Linnæus, vulgairement colombe à tête bleue].
  2. Columba passerina L. [Note de Wikisource : actuellement Colombina passerina Linnæus, vulgairement colombe à queue noire].
  3. No 243 des planches enluminées de Buffon.