Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/581

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grec, ne se trouve nulle part dans les livres d’Aristote, que Pline, qui connaissait bien ces livres, n’y avait point aperçu l’oiseau qu’il désigne par ce nom, et qu’il ne parle point du pyrrhocorax d’après ce que le philosophe grec a dit du coracias, comme il est aisé de s’en convaincre en comparant les passages.

Celui qui a été observé par les auteurs de la Zoologie britannique, et qui était un véritable coracias, pesait treize onces, avait environ deux pieds et demi de vol, la langue presque aussi longue que le bec, un peu fourchue et les ongles noirs, forts et crochus[1].

M. Gerini fait mention d’un coracias à bec et pieds noirs, qu’il regarde comme une variété de l’espèce dont il s’agit dans cet article, ou comme la même espèce différente d’elle-même par quelques accidents de couleur, suivant l’âge, le sexe, etc.[2].


LE CORACIAS HUPPÉ OU LE SONNEUR

J’adopte ce nom[NdÉ 1], que quelques-uns ont donné à l’oiseau dont il s’agit dans cet article, à cause du rapport qu’ils ont trouvé entre son cri et le son de ces clochettes qu’on attache au cou du bétail.

Le sonneur est de la grosseur d’une poule ; son plumage est noir, avec des reflets d’un beau vert, et variés à peu près comme dans le crave ou coracias, dont nous venons de parler : il a aussi, comme lui, le bec et les pieds rouges ; mais son bec est encore plus long, plus menu, et fort propre à s’insinuer dans les fentes de rochers, dans les crevasses de la terre, et dans les trous d’arbres et de murailles, pour y chercher les vers et les insectes dont il fait sa principale nourriture. On a trouvé dans son estomac des débris de grillons-taupes, vulgairement appelés courtillières. Il mange aussi des larves de hannetons, et se rend utile par la guerre qu’il fait à ces insectes destructeurs.

Les plumes qu’il a sur le sommet de la tête sont plus longues que les autres et lui forment une espèce de huppe pendant en arrière ; mais cette huppe, qui ne commence à paraître que dans les oiseaux adultes, disparaît dans les vieux, et c’est de là, sans doute, qu’ils ont été appelés, en certains endroits, du nom de corbeaux chauves, et que dans quelques descriptions ils sont représentés comme ayant la tête jaune, marquée de taches rouges.

  1. British Zoology, p. 84.
  2. Storia degli Uccelli, t. II, p. 38.
  1. Cuvier dit du Coracias de Buffon : « On ne sait quelle combinaison de l’histoire du Crave d’Europe avec des figures défectueuses, peut-être de quelque courlis, a donné naissance à l’espèce imaginaire du Crave huppé ou sonneur (Corvus eremita Linn.), prétendu oiseau de Suisse que personne n’a vu depuis Gesner. »