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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/618

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LA PIE


La pie[NdÉ 1] a tant de ressemblance à l’extérieur avec la corneille, que M. Linnæus les a réunies toutes deux dans le même genre[1], et que, suivant Belon, pour faire une corneille d’une pie, il ne faut que raccourcir la queue à celle-ci, et faire disparaître le blanc de son plumage[2] ; en effet, la pie a le bec, les pieds, les yeux et la forme totale des corneilles et des choucas ; elle a encore avec eux beaucoup d’autres rapports plus intimes dans l’instinct, les mœurs et les habitudes naturelles, car elle est omnivore comme eux, vivant de toutes sortes de fruits, allant sur les charognes[3], faisant sa proie des œufs et des petits des oiseaux faibles, quelquefois même des père et mère, soit qu’elle les trouve engagés dans les pièges, soit qu’elle les attaque à force ouverte : on en a vu une se jeter sur un merle pour le dévorer, une autre enlever une écrevisse, qui la prévint en l’étranglant avec ses pinces, etc.[4].

On a tiré parti de son appétit pour la chair vivante en la dressant à la chasse comme on y dresse les corbeaux[5]. Elle passe ordinairement la belle saison appariée avec son mâle, et occupée de la ponte et de ses suites. L’hiver elle vole par troupes, et s’approche d’autant plus des lieux habités, qu’elle y trouve plus de ressources pour vivre, et que la rigueur de la saison lui rend ces ressources plus nécessaires. Elle s’accoutume aisément à la vue

  1. System. nat., édit. X, p. 106.
  2. Belon, Nature des oiseaux, p. 291.
  3. Klein, Ordo avium, p. 61. J’en ai vu une qui mangeait fort avidement de l’écorce d’orange.
  4. Aldrovand., Ornitholog., t. Ier, p. 780. Elle cause quelquefois beaucoup de désordre dans une pipée et vient, pour ainsi dire, menacer le pipeur jusque dans sa loge.
  5. Frisch, planche 68.
  1. Les pies (Pica) sont comme les Corbeaux, les Choucas, les Corneilles, des Passereaux, du groupe des Dentirostres et de la famille des Corvidés. Elles se distinguent des corbeaux par un bec obtus, renflé, à mandibules à peu près égales, la supérieure légèrement échancrée. La queue est longue et étalée.

    La Pie vulgaire (Pica caudata [Note de Wikisource : actuellement Pica pica Linnæus, vulgairement pie bavarde]) a « la tête, le cou, le dos, la presque totalité de la poitrine, les sous-caudales, les jambes d’un noir profond, velouté, avec des reflets métalliques d’un vert bronzé au front et au ventre ; les scapulaires, les bandes extrêmes des rémiges primaires, le bas de la poitrine et de l’abdomen d’un blanc pur ; les ailes et la queue d’un noir à reflets verts, bleu pourpre et violet ; l’iris brun foncé ; le bec et les pieds noirs ». (Brehm.)