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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/643

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(La mise en forme du titre a été harmonisée avec celle des Aigles.)

qu’ils ont avec les pics ; ils nichent aussi, comme eux, dans des trous d’arbres, et peut-être dans des trous qu’ils ont faits eux-mêmes ; car ils ont, comme les pics, les pennes du milieu de la queue usées par le bout[1], ce qui suppose qu’ils grimpent aussi comme eux sur les arbres : en sorte que si on voulait conserver au casse-noix la place qui paraît lui avoir été marquée par la nature, ce serait entre les pics et les geais ; et il est singulier que Willughby lui ait donné précisément cette place dans son Ornithologie, quoique la description qu’il en a faite n’indique aucun rapport entre cet oiseau et les pics.

Il a l’iris couleur de noisette, le bec, les pieds et les ongles noirs[2], les narines rondes, ombragées par de petites plumes blanchâtres, étroites, peu flexibles, et dirigées en avant ; les pennes des ailes et de la queue noirâtres, sans mouchetures, mais seulement la plupart terminées de blanc, et non sans quelques variétés dans les différents individus et dans les différentes descriptions[3] : ce qui semble confirmer l’opinion de M. Klein sur les deux races ou variétés qu’il admet dans l’espèce des casse-noix.

On ne trouve dans les écrivains d’histoire naturelle aucuns détails sur leur ponte, leur incubation, l’éducation de leurs petits, la durée de leur vie… ; c’est qu’ils habitent, comme nous avons vu, des lieux inaccessibles où ils sont, où ils seront longtemps inconnus, et d’autant plus en sûreté, d’autant plus heureux.


LES ROLLIERS


Si l’on prend le rollier d’Europe[NdÉ 1] pour type du genre, et que l’on choisisse pour son caractère distinctif, non pas une ou deux qualités superficielles, isolées, mais l’ensemble de ses qualités connues, dont peut-être aucune en particulier ne lui est absolument propre, mais dont la somme et la combinaison le caractérisent, on trouvera qu’il y a un changement considérable à faire au dénombrement des espèces dont M. Brisson a composé ce genre, soit en écartant celles qui n’ont point assez de rapports avec notre rollier, soit en rappelant à la même espèce les individus qui ont bien quelques différences, mais moindres cependant que celles que l’on observe sou-

  1. « Intermediis apice detritis. » Linn., Syst. nat., édit. X, p. 106.
  2. « Digitis, ut in picâ glandariâ, variis articulis flexibilibus », ajoute Schwenckfeld, p. 310 ; mais nous avons vu ci-dessus que les geais n’ont pas aux doigts un plus grand nombre d’articulations que les autres oiseaux.
  3. Voyez Gesner, Schwenckfeld, Aldrovande, Willughby, Brisson, etc., mais ne consultez Rzaczynski qu’avec précaution, car il confond perpétuellement le cocothraustes avec le caryocatactes. Auctuarium, p. 399.
  1. Coracias Garrula L. [Note de Wikisource : actuellement Coracias garrulus Linnæus, vulgairement rollier d’Europe].