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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/651

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que, dans celui d’Abyssinie, la couleur orangée du dos ne s’étend pas comme dans celui du Sénégal jusque sur le cou et la partie postérieure de la tête, différence qui ne suffit pas, à beaucoup près, pour constituer deux espèces distinctes, et d’autant moins que les deux rolliers dont il s’agit ici appartiennent à peu près au même climat ; qu’ils ont l’un et l’autre à la queue ces deux pennes latérales excédantes, dont la longueur est double de celles des pennes intermédiaires ; qu’ils ont tous deux les ailes plus courtes que celles de notre rollier d’Europe ; enfin, qu’ils se ressemblent encore par les nuances, l’éclat et la distribution de leurs couleurs.

II.LE ROLLIER D’ANGOLA ET LE CUIT[1] OU LE ROLLIER DE MINDANAO.

Ces deux rolliers ont entre eux des rapports si frappants qu’il n’est pas possible de les séparer. Celui d’Angola[NdÉ 1] ne se distingue du cuit ou rollier de Mindanao[NdÉ 2] que par la longueur des pennes extérieures de sa queue, double de la longueur des pennes intermédiaires, et par de légers accidents de couleurs ; mais on sait que de telles différences, et de plus grandes encore, sont souvent l’effet de celles du sexe, de l’âge et même de la mue ; et que cela soit ainsi à l’égard des deux rolliers dont il est question, c’est ce qui paraîtra fort probable d’après la comparaison des figures enluminées, nos 88 et 285[NdÉ 3], et même d’après l’examen des descriptions faites par M. Brisson[2], qui ne peut être soupçonné d’avoir voulu favoriser mon opinion sur l’identité spécifique de ces deux oiseaux, puisqu’il en fait deux espèces distinctes et séparées. Tous deux ont à peu près la grosseur de notre rollier d’Europe, sa forme totale, son bec un peu crochu, ses narines découvertes, ses pieds courts, ses longs doigts, ses longues ailes et même les couleurs de son plumage, quoique distribuées un peu différemment : c’est toujours du bleu, du vert et du brun, tantôt séparés et tranchant l’un sur l’autre, tantôt mêlés, fondus ensemble et formant plusieurs teintes intermédiaires différemment nuancées et donnant des reflets différents, mais de manière que le vert bleuâtre ou vert de mer est répandu sur le sommet de la tête ; le brun plus ou moins foncé, plus ou moins verdâtre, sur tout le dessus du corps et toute la partie antérieure de l’oiseau, avec quelques teintes de violet sur la gorge ; le bleu, le vert et toutes les nuances qui résultent de leur mélange, sur le

  1. C’est le nom que les habitants de Mindanao donnent à ce rollier ; M. Edwards lui donne celui de geai bleu, planche 326 ; et Albin celui de geai de Bengale, t. Ier, no 17.
  2. Ornithologie, t. II, p. 72 et 69.
  1. Coracias caudata L. [Note de Wikisource : actuellement Coracias caudatus Linnæus, vulgairement rollier à longs brins]. — D’après Cuvier, « le Coracias caudata n’est qu’un individu de l’abyssinica défiguré par l’addition de la tête du Bengalis. » [Note de Wikisource : Cette opinion de Cuvier est à rejeter.]
  2. Coracias bengalensis Cuv. [Note de Wikisource : actuellement Coracias bengalensis Linnæus, vulgairement rollier indien].
  3. Planches enluminées de Buffon.