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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/666

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figure[NdÉ 1] de manière que ces plumes subalaires peuvent être aperçues. Les autres différences sont que le manucode est plus petit, qu’il a le bec blanc et plus long à proportion, les ailes aussi plus longues, la queue plus courte et les narines couvertes de plumes.

Clusius n’a compté que treize pennes à chaque aile et sept ou huit à la queue, mais il n’a vu que des individus desséchés et qui pouvaient n’avoir pas toutes leurs plumes. Ce même auteur remarque comme une singularité que dans quelques sujets les deux filets de la queue se croisent[1] ; mais cela doit arriver souvent et très naturellement dans le même individu à deux filets longs, flexibles et posés à côté l’un de l’autre[NdÉ 2].


LE MAGNIFIQUE DE LA NOUVELLE-GUINÉE

ou le manucode à bouquets[2]

Les deux bouquets, dont j’ai fait le caractère distinctif de cet oiseau[NdÉ 3] se trouvent derrière le cou et à sa naissance. Le premier est composé de plusieurs plumes étroites, de couleur jaunâtre, marquées près de la pointe d’une petite tache noire, et qui, au lieu d’être couchées comme à l’ordinaire, se relèvent sur leur base, les plus proches de la tête jusqu’à l’angle droit, et les suivantes de moins en moins.

Au-dessous de ce premier bouquet, on en voit un second plus considérable, mais moins relevé et plus incliné en arrière. Il est formé de longues barbes détachées qui naissent de tuyaux fort courts, et dont quinze ou vingt se réunissent ensemble pour former des espèces de plumes couleur de

  1. Voyez Clusius, p. 362. — Edwards, planche iii.
  2. Cet oiseau a du rapport avec le manucodiata cirrata d’Aldrovande, t. Ier, p. 811 et 814. Ce dernier a un bouquet pareil, formé pareillement de plumes effilées, de même couleur et posées de même ; mais il paraît plus grand, et il a le bec et la queue beaucoup plus longs.
  1. Buffon parle de ses planches enluminées.
  2. Le manucode est l’objet, dans le pays qu’il habite, de singulières légendes. Ce que dit à cet égard Cardan (cité par Brehm) est fort curieux : « Les rois Marmin des îles Moluques ont commencé, il y a quelques années seulement, à croire que les âmes étaient immortelles, et cela, pour cette seule raison qu’ils avaient remarqué un superbe oiseau qui ne se perchait jamais, ni sur la terre, ni sur quelque objet que ce soit, mais qui, de temps à autre, tombait des airs mort sur le sol. Les mahométans, qui venaient vers eux pour faire le commerce, leur dirent que ces oiseaux venaient du paradis qui était le lieu où se rendaient les âmes des morts ; alors ces rois se convertirent à la secte de Mahomet, parce que celle-ci leur annonçait et leur promettait mille merveilles de ce paradis. Ils appellent cet oiseau manucodiata, c’est-à-dire l’oiseau de Dieu, et ils le regardent comme saint et sacré ; de telle sorte qu’avec un de ces oiseaux les rois se croient en sûreté dans leurs guerres, quand, suivant leur coutume, il se tiennent au premier rang. »
  3. Cincinnurus magnificus (Paradisæa magnifica L.) [Note de Wikisource : actuellement Diphyllodes magnificus Pennant, vulgairement paradisier magnifique].