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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/677

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latin, grec, etc.[1], et à prononcer de suite des phrases un peu longues : son gosier souple se prête à toutes les inflexions, à tous les accents. Il articule franchement la lettre R[2], et soutient très bien son nom de sansonnet ou plutôt de chansonnet par la douceur de son ramage acquis, beaucoup plus agréable que son ramage naturel[3].

Cet oiseau est fort répandu dans l’ancien continent : on le trouve en Suède, en Allemagne, en France, en Italie, dans l’île de Malte, au cap de Bonne-Espérance[4] et partout à peu près le même ; au lieu que les oiseaux d’Amérique auxquels on a donné le nom d’étourneaux forment des espèces assez multipliées, comme nous le verrons bientôt.

Variétés de l’étourneau.

Quoique l’empreinte du moule primitif ait été assez ferme dans l’espèce de notre étourneau pour empêcher que ses races diverses, s’éloignant à un certain point, formassent enfin des espèces distinctes et séparées, elle n’a pu cependant rendre absolument nulle la tendance perpétuelle qui porte la nature à la variété, tendance qui se manifeste ici d’une manière fort marquée, puisqu’on trouve des étourneaux noirs (ce sont les jeunes), d’autres tout blancs, d’autres blancs et noirs, enfin d’autres gris, c’est-à-dire dont le noir s’est fondu dans le blanc.

Il faut remarquer que souvent on a trouvé ces variétés dans les nids des étourneaux ordinaires, en sorte qu’on ne peut les considérer que comme des variétés individuelles ou purement éphémères, que la nature semble produire en se jouant sur la superficie, qu’elle anéantit à chaque génération pour les renouveler et les détruire encore, mais qui, ne pouvant ni se perpétuer, ni pénétrer jusqu’au type spécifique, ne peuvent conséquemment donner aucune atteinte à sa pureté, à son unité. Telles sont les variétés suivantes dont parlent les auteurs :

I. L’étourneau blanc d’Aldrovande[5] aux pieds couleur de chair et au bec jaune rougeâtre, tel qu’il est dans nos étourneaux devenus vieux. Aldrovande remarque que celui-ci avait été pris avec des étourneaux ordinaires, et Rzacynski assure que, dans un certain canton de la Pologne[6], on voyait souvent sortir du même nid un étourneau noir et un blanc.

  1. « Habebant et Cæsares juvenes item sturnum, luscinias græco atque latino sermone dociles ; præterea meditantes in diem et assiduè nova loquentes longiore etiam contextu. » Pline, lib. x, cap. xlii.
  2. Scaliger, Exercit.
  3. « Sturnus pisitat ore, isitat, pisistrat. » C’est ainsi que les Latins exprimaient le cri de l’étourneau. Voyez Autor Philomelæ, etc.
  4. Voyez Kolbe, t. III, p. 159.
  5. Tome II, p. 631.
  6. Prope Coronoviam.