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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/679

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rapporterait naturellement à celle dont j’ai fait mention ci-dessus, et où le noir et le blanc sont distribués par grandes taches. La plus remarquable et celle qui caractérise le plus la physionomie de cet oiseau, c’est une tache blanche fort grande, de forme ronde, située de chaque côté de la tête, sur laquelle l’œil paraît placé presque en entier, et qui, se prolongeant en pointe par devant jusqu’à la base du bec, a par derrière une espèce d’appendice varié de noir qui descend le long du cou.

Cet oiseau est le même que l’étourneau noir et blanc des Indes, d’Edwards, pl. clxxxvii ; que le contra de Bengale, d’Albin, t. III, pl. 21 ; que l’étourneau du cap de Bonne-Espérance de M. Brisson, t. II, page 446 ; et même que son neuvième troupiale, t. II, page 94. Il a avoué et rectifié ce double emploi page 54 de son Supplément, et il est en vérité bien excusable au milieu de ce chaos de descriptions incomplètes, de figures tronquées et d’indications équivoques qui embarrassent et surchargent l’histoire naturelle. Cela fait voir combien il est essentiel, lorsqu’on fait l’histoire d’un oiseau, de le reconnaître dans les diverses descriptions que les auteurs en ont faites, et d’indiquer les différents noms qu’on lui a donnés en différents temps et en différents lieux, seul moyen d’éviter ou de rectifier la stérile multiplication des espèces purement nominales.

II.L’ÉTOURNEAU DE LA LOUISIANE OU LE STOURNE.

Ce mot de stourne est formé du latin sturnus ; je l’ai appliqué à un oiseau d’Amérique[NdÉ 1] assez différent de notre étourneau pour mériter un nom distinct, mais qui a assez de rapports avec lui pour mériter un nom analogue. Il a le dessus du corps d’un gris varié de brun, et le dessous du corps jaune. Les marques les plus distinctives de cet oiseau, en fait de couleur, sont : 1o une plaque noirâtre variée de gris, située au bas du cou et se détachant très bien du fond, qui, comme nous venons de le dire, est de couleur jaune ; 2o trois bandes blanches qu’il a sur la tête, toutes les trois partant de la base du bec supérieur, et s’étendant jusqu’à l’occiput ; l’une tient le sommet ou le milieu de la tête, les deux autres qui sont parallèles à cette première, passent de chaque côté au-dessus des yeux. En général, cet oiseau se rapproche de notre étourneau d’Europe par les proportions relatives des ailes et de la queue, et en ce que ses couleurs sont disposées par petites taches : il a aussi la tête plate, mais son bec est plus allongé.

Un correspondant du Cabinet nous assure que la Louisiane est fort incommodée par des nuées d’étourneaux, ce qui indiquerait quelque conformité dans la manière de voler des étourneaux de la Louisiane avec celle de nos étourneaux d’Europe ; mais il n’est pas bien sûr que le correspondant veuille parler de l’espèce dont il s’agit ici.

  1. Sturnus ludovicianus Gmel. [Note de Wikisource : actuellement Sturnella magna Linnæus, vulgairement sturnelle des prés ; comme tous les oiseaux qui suivent dans cet article, cet oiseau n’est pas un sturnidé, mais un ictéridé, famille d’oiseaux du Nouveau Monde dont l’allure rappelle celle des sturnidés de l’Ancien Monde (voyez la note à l’article des troupiales).].