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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/700

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même, on ne peut guère se dispenser d’en conclure que le baltimore bâtard n’est qu’une variété de l’espèce franche, variété dégénérée, soit par l’influence du climat, soit par quelque autre cause. Le noir de la tête est un peu marbré, celui de la gorge est pur ; la partie du coqueluchon qui tombe par derrière est d’un gris olivâtre qui se fonce de plus en plus en approchant du dos. Presque tout ce qui est d’un orangé si brillant dans l’autre est, dans celui-ci, d’un jaune tirant sur l’orangé, plus vif sur la poitrine et sur les couvertures de la queue que partout ailleurs. Les ailes sont brunes, mais leurs grandes couvertures et leurs pennes sont bordées de blanc sale. Des douze pennes de la queue, les deux du milieu sont noirâtres dans leur partie moyenne, olivâtres à leur naissance, et marquées de jaune à leur extrémité : la suivante, de chaque côté, présente les deux premières couleurs mêlées confusément, et dans les quatre pennes suivantes les deux dernières couleurs sont fondues ensemble.

En un mot, le baltimore franc est au baltimore bâtard, par rapport aux couleurs du plumage, à peu près ce que celui-ci est à sa femelle : or cette femelle a les couleurs du dessus du corps et de la queue plus ternes, et le dessous du corps d’un blanc jaunâtre.


LE CASSIQUE JAUNE DU BRÉSIL OU L’YAPOU[1]

En comparant les cassiques[NdÉ 1] aux troupiales, aux carouges et aux baltimores, avec lesquels ils ont beaucoup de choses communes, on s’apercevra qu’ils sont plus gros, qu’ils ont le bec plus fort et les pieds plus courts à proportion, sans parler du caractère de leur physionomie, aussi facile à saisir par le coup d’œil, ou même à exprimer dans une figure, que difficile à rendre avec le seul pinceau de la parole.

Plusieurs auteurs ont donné la description et la figure du cassique jaune sous différents noms, et il y a à peine deux de ces figures ou de ces descriptions qui s’accordent parfaitement. Mais, avant d’entrer dans le détail de ces variétés, il est bon d’écarter tout à fait un oiseau qui me paraît avoir

  1. C’est un oiseau fort approchant du cassique jaune de M. Brisson, t. II, p. 100, et de la pie du Brésil de Belon, Nature des Oiseaux, p. 292. On lui a donné plusieurs noms latins : pica, picus minor, cissa nigra, etc. En italien, gazza ou zalla di Terra-Nuova. En anglais, black and yellow daw of Brasil. En français, cul-jaune. Barrère ajoute, de la petite espèce (France équinoxiale, p. 142) ; mais il est évident que ce sont ceux dont j’ai parlé ci-dessus qui sont les petits culs-jaunes, ayant à peu près la grosseur de l’alouette.
  1. Les Cassiques (Cassicus) se distinguent par un bec à base très large, muni d’une arête terminée en arrière par un disque osseux.

    Le Yapou est le Cassicus cristatus [Note de Wikisource : actuellement Cacicus cela Linnæus, vulgairement cassique cul-jaune] des ornithologistes modernes, oiseau indigène non pas de la Perse, comme le ferait croire le nom de Pie de Perse que lui donnait Aldrovande, mais de l’Amérique du Sud.

    [Note de Wikisource : Dans cette article sont confondues plusieurs espèces d’ictéridés ; l’oiseau vu par Guéneau et représenté dans les planches illuminés est très certainement un cassique cul-jaune, de même que l’oiseau d’Edwards ; mais le cassique rouge de Brisson appartient à une autre espèce du même genre Cacicus (cf. plus bas), et l’oiseau de Marcgrave est plus probablement un cassique huppé, du genre Psarocolius (décrit plus loin sous le nom de cassique huppé de Cayenne). En particulier, le nom d’yapou (en portugais japu) est réservé au Brésil aux oiseaux du genre Psarocolius, et ne s’applique donc pas au cassique cul-jaune.]