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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/710

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LE LORIOT


On a dit des petits de cet oiseau[NdÉ 1] qu’ils naissaient en détail et par parties séparées, mais que le premier soin des père et mère était de rejoindre ces parties et d’en former un tout vivant par la vertu d’une certaine herbe. La difficulté de cette merveilleuse réunion n’est peut-être pas plus grande que celle de séparer avec ordre les noms anciens que les modernes ont appliqués confusément à cette espèce, de lui conserver tous ceux qui lui conviennent en effet, et de rapporter les autres aux espèces que les anciens ont eues réellement en vue, tant ceux-ci ont décrit superficiellement des objets trop connus, et tant les modernes se sont déterminés légèrement dans l’application des noms imposés par les anciens. Je me contenterai donc de dire ici que, selon toute apparence, Aristote n’a connu le loriot que par ouï-dire : quelque répandu que soit cet oiseau, il y a des pays qu’il semble éviter ; on ne le trouve ni en Suède, ni en Angleterre, ni dans les montagnes du Bugey, ni même à la hauteur de Nantua, quoiqu’il se montre régulièrement en Suisse deux fois l’année. Belon ne paraît pas l’avoir aperçu dans ses voyages de Grèce ; et d’ailleurs comment supposer qu’Aristote ait connu par lui-même cet oiseau sans connaître la singulière construction de son nid, ou que, la connaissant, il n’en ait point parlé ?

Pline, qui a fait mention du chlorion d’après Aristote[1], mais qui ne s’est pas toujours mis en peine de comparer ce qu’il empruntait des Grecs avec ce qu’il trouvait dans ses mémoires, a parlé du loriot sous quatre dénomi-

  1. Hist. nat., lib. x, cap. xxix.
  1. Oriolus galbula L. [Note de Wikisource : actuellement Oriolus oriolus Linnæus, vulgairement loriot d’Europe]. — Les Oriolus sont des Dentirostres de la famille des Corvidés. Ils se distinguent par un bec conique, arrondi, faiblement membré à l’extrémité, une queue tronquée.

    « Le Loriot vulgaire a 27 centimètres de long et 50 centimètres d’envergure ; l’aile pliée mesure 17 centimètres, et la queue 11. La femelle est un peu plus petite que le mâle. Celui-ci a les lorums, les ailes et la queue d’un noir profond ; le reste du corps jaune doré. Une tache jaune se trouve à la racine des rémiges et à l’extrémité des rectrices. La femelle a le dos d’un vert serin, le ventre blanchâtre, avec des raies longitudinales brunes au centre des plumes ; le cou d’un gris cendré clair ; les rémiges brunes, avec une tache jaunâtre vers le milieu des primaires, et une autre de même couleur à l’extrémité ; la queue brune, terminée de jaune. Les jeunes et les mâles d’un an ont le plumage de la femelle. L’iris est rouge carmin ; le bec rouge sale chez les vieux mâles, gris noirâtre chez les jeunes et les femelles ; les pattes sont gris de plomb. » (Brehm.)