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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/713

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mais, dès le mois d’août, le jaune commence déjà à paraître sous le corps ; ils ont aussi un cri différent de celui des vieux ; ceux-ci disent yo, yo, yo, qu’ils font suivre quelquefois d’une sorte de miaulement comme celui du chat ; mais indépendamment de ce cri, que chacun entend à sa manière[1], ils ont encore une espèce de sifflement, surtout lorsqu’il doit pleuvoir[2], si toutefois ce sifflement est autre chose que le miaulement dont je viens de parler.

Ces oiseaux ont l’iris des yeux rouge, le bec rouge brun, le dedans du bec rougeâtre, les bords du bec inférieur un peu arqués sur leur longueur, la langue fourchue et comme frangée par le bout, le gésier musculeux, précédé d’une poche formée par la dilatation de l’œsophage, la vésicule du fiel verte, des cæcums très petits et très courts, enfin la première phalange du doigt extérieur soudée à celle du doigt du milieu.

Lorsqu’ils arrivent au printemps, ils font la guerre aux insectes et vivent de scarabées, de chenilles, de vermisseaux, en un mot de ce qu’ils peuvent attraper ; mais leur nourriture de choix, celle dont ils sont le plus avides, ce sont les cerises, les figues[3], les baies de sorbier, les pois, etc. Il ne faut que deux de ces oiseaux pour dévaster en un jour un cerisier bien garni, parce qu’ils ne font que becqueter les cerises les unes après les autres et n’entament que la partie la plus mûre.

Les loriots ne sont point faciles à élever ni à apprivoiser. On les prend à la pipée, à l’abreuvoir et avec différentes sortes de filets.

Ces oiseaux se sont répandus quelquefois jusqu’à l’extrémité du continent sans subir aucune altération dans leur forme extérieure ni dans leur plumage, car on a vu des loriots de Bengale et même de la Chine parfaitement semblables aux nôtres ; mais aussi on en a vu d’autres, venant à peu près des mêmes pays, qui ont quelques différences dans les couleurs et que l’on peut regarder pour la plupart comme des variétés de climat jusqu’à ce que des observations faites avec soin sur les allures et les mœurs de ces espèces étrangères, sur la forme de leur nid, etc., éclairent ou rectifient nos conjectures.


  1. Gesner dit qu’ils prononcent oriot ou loriot ; Belon, qu’ils semblent dire : compère loriot ; d’autres ont cru entendre : lousot bonnes merises, etc. Voyez l’Histoire nat. des Oiseaux de M. Salerne, p. 186.
  2. « Aliquando instar fistulæ canit, præsertim imminente pluviâ. » Gesner, De Avibus, p. 714.
  3. C’est de là qu’on leur a donné en certains pays les noms de becfigues, de συκοφάγος, etc., et c’est peut-être cette nourriture qui rend leur chair si bonne à manger. On sait que les figues produisent le même effet sur la chair des merles et d’autres oiseaux.