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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/129

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ART. X. FLEUVES.

un grand nombre d’ouvriers et de soldats, et tous les ans, après l’inondation, l’on enlevoit le limon et le sable qui étoient dans les canaux ; ce fleuve en charrie une très grande quantité. La cause du débordement du Nil vient des pluies qui tombent en Éthiopie : elles commencent au mois d’avril, et ne finissent qu’au mois de septembre. Pendant les trois premiers mois les jours sont sereins et beaux : mais dès que le soleil se couche, il pleut jusqu’à ce qu’il se lève ; ce qui est accompagné ordinairement de tonnerres et d’éclairs. L’inondation ne commence en Égypte que vers le 17 de juin ; elle augmente ordinairement pendant environ quarante jours, et diminue pendant tout autant de temps : tout le plat pays de l’Égypte est inondé. Mais ce débordement est bien moins considérable aujourd’hui qu’il ne l’étoit autrefois ; car Hérodote nous dit que le Nil étoit cent jours à croître et autant à décroître. Si le fait est vrai, on ne peut guère en attribuer la cause qu’à l’élévation du terrain que le limon des eaux a haussé peu à peu, et à la diminution de la hauteur des montagnes de l’intérieur de l’Afrique dont il tire sa source ; il est assez naturel d’imaginer que ces montagnes ont diminué, parce que les pluies abondantes qui tombent dans ces climats pendant la moitié de l’année, entraînent les sables et les terres du dessus des montagnes dans les vallons, d’où les torrents les charrient dans le canal du Nil, qui en emporte une bonne partie en Égypte, où il les dépose dans ses débordements.

Le Nil n’est pas le seul fleuve dont les inondations soient périodiques et annuelles ; on a appelé la rivière de Pégu le Nil indien, parce que ses débordements