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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/130

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THÉORIE DE LA TERRE.

se font tous les ans régulièrement ; il inonde ce pays à plus de trente lieues de ses bords, et il laisse, comme le Nil, un limon qui fertilise si fort la terre, que les pâturages y deviennent excellents pour le bétail, et que le riz y vient en si grande abondance, qu’on en charge tous les ans un grand nombre de vaisseaux sans que le pays en manque. Le Niger, ou, ce qui revient au même, la partie supérieure du Sénégal, déborde aussi comme le Nil, et l’inondation qui couvre tout le plat pays de la Nigritie commence à peu près dans le même temps que celle du Nil, vers le 15 juin ; elle augmente aussi pendant quarante jours. Le fleuve de la Plata, au Brésil, déborde aussi tous les ans, et dans le même temps que le Nil ; le Gange, l’Indus, l’Euphrate, et quelques autres, débordent aussi tous les ans : mais tous les autres fleuves n’ont pas des débordements périodiques ; et quand il arrive des inondations, c’est un effet de plusieurs causes qui se combinent pour fournir une plus grande quantité d’eau qu’à l’ordinaire, et pour retarder en même temps la vitesse du fleuve.

Nous avons dit que dans presque tous les fleuves la pente de leur lit va toujours en diminuant jusqu’à leur embouchure d’une manière assez insensible : mais il y en a dont la pente est très brusque dans certains endroits ; ce qui forme ce qu’on appelle une cataracte, qui n’est autre chose qu’une chute d’eau plus vive que le courant ordinaire du fleuve. Le Rhin, par exemple, a deux cataractes ; l’une à Bilefeld, et l’autre auprès de Schaffhouse. Le Nil en a plusieurs, et entre autres deux qui sont très violentes et qui tombent de fort haut entre deux montagnes. La rivière Vologda, en