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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/131

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ART. X. FLEUVES.

Moscovie, a aussi deux cataractes auprès de Ladoga, Le Zaïr, fleuve de Congo, commence par une forte cataracte qui tombe du haut d’une montagne. Mais la plus fameuse cataracte est celle de la rivière Niagara au Canada[1] ; elle tombe de 156 pieds de hauteur perpendiculaire comme un torrent prodigieux, et elle a plus d’un quart de lieue de largeur : la brume ou le brouillard que l’eau fait en tombant se voit de cinq lieues, et s’élève jusqu’aux nues ; il s’y forme un très bel arc-en-ciel lorsque le soleil donne dessus. Au dessous de cette cataracte il y a des tournoiements d’eau si terribles, qu’on ne peut y naviguer jusqu’à six milles de distance ; et au dessus de la cataracte, la rivière est beaucoup plus étroite qu’elle ne l’est dans les terres supérieures. Voici la description qu’en donne le P. Charlevoix.

  1. J’ai dit que la cataracte de la rivière de Niagara au Canada étoit la plus fameuse, et qu’elle tomboit de 156 pieds de hauteur perpendiculaire. J’ai depuis été informé* qu’il se trouve en Europe une cataracte qui tombe de 300 pieds de hauteur ; c’est celle de Terni, petite ville sur la route de Rome a Bologne. Elle est formée par la rivière de Velino, qui prend sa source dans les montagnes de l’Abruzze. Après avoir passé par Riète, ville frontière du royaume de Naples, elle se jette dans le lac de Luco, qui paroît entretenu par des sources abondantes ; car elle en sort plus forte qu’elle n’y est entrée, et va jusqu’au pied de la montagne del Marmore, d’où elle se précipite par un saut perpendiculaire de 300 pieds ; elle tombe comme dans un abîme, d’où elle s’échappe avec une espèce de fureur. La rapidité de sa chute brise ses eaux avec tant d’effort contre les rochers et sur le fond de cet abîme, qu’il s’en élève une vapeur humide, sur laquelle les rayons du soleil forment des arcs-en-ciel, qui sont très variés ; et lorsque le vent du midi souffle et rassemble ce brouillard contre la montagne, au lieu de plusieurs petits arcs-en-ciel, on n’en voit plus qu’un seul qui couronne toute la cascade. (Add. Buff.)

    * Note communiquée à M. de Buffon par M. Fresnaye, conseiller au conseil supérieur de Saint-Domingue.