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Page:Buies - Au portique des Laurentides, 1891.djvu/13

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UNE PAROISSE MODERNE


II


Trois ans après, M. Blyth était dirigé vers une autre cure. C’était alors un tout jeune prêtre, qui comptait à peine six lustres, et il lui fallait se séparer de sa paroisse plus jeune encore que lui, de cette paroisse qu’il avait cueillie dans son étroit berceau et dont il avait suivi les pas, de jour en jour petit à petit grandissants. Il s’en alla avec bien des regrets dans l’âme ; tous ses paroissiens réunis ne formaient encore qu’une famille. Il les quitta, pensant peut-être les revoir bientôt. C’était sa plus chère espérance, sans doute, car il se forme, surtout dans des circonstances de cette nature, entre un prêtre qui débute dans l’exercice de son ministère et une paroisse qui sort à peine de ses langes, un lien tel que ne pourront ni le rompre ni même l’affaiblir toutes les phases de la vie par où tous les deux devront successivement passer. Ce sont deux amis d’enfance que les destins peuvent séparer pendant un temps bien long, mais qui, en se revoyant, blanchis par l’âge, retrouvent leur affection tout entière, vivace, chaude comme aux anciens jours.