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Page:Buies - Au portique des Laurentides, 1891.djvu/17

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UNE PAROISSE MODERNE

inaccessible. On croyait avoir atteint la limite des terres cultivables et le nom de « Nord » signifiait qu’il n’y avait plus au delà de Saint-Jérôme qu’un printemps fugitif, qu’un été illusoire.

Quels changements merveilleux accomplis en quelques années seulement, et comment pouvons-nous aujourd’hui en croire nos yeux quand nous lisons dans les journaux, comme un de ces événements banals qui n’ont plus lieu d’étonner, le détail des plans élaborés pour construire un chemin de fer du Manitoba à la baie d’Hudson d’une part, et du lac Saint-Jean au lac Témiscamingue, de l’autre, à travers de longs espaces inhabités, jusqu’aux limites extrêmes de notre province ! Ère de progrès inouïs, qui emporte l’homme dans une course telle qu’il finira par trouver la terre trop petite pour ses aspirations illimitées !

Mais il fallait alors songer seulement à élever quelques foyers primitifs sur la lisière de la forêt ténébreuse, où nul encore n’avait porté ses pas, au pied de ces massifs de montagnes que l’on voyait se dresser, les uns à l’envi des autres, dans un lointain chargé de terreurs et que l’œil osait à peine interroger. Hache en main, la bêche