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Page:Buies - Au portique des Laurentides, 1891.djvu/20

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UNE PAROISSE MODERNE
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vastes étendues fermées à l’homme, à créer pour nous de nouvelles demeures, de nouvelles richesses, à féconder des contrées nouvelles où notre race pourra se développer de plus en plus à l’aise, en conquérant de plus en plus le sol.

Il faut voir ces forêts s’étendant à perte de vue, au milieu de pays montagneux, durs, en quelque sorte inhabitables, jusqu’à des limites encore inconnue ou que l’imagination ne se représente que dans un lointain inaccessible, pour se faire une idée de ce que c’est que l’homme seul, au milieu de cette immensité qui ne lui présente que des obstacles, des privations de tout genre, la lutte partout, un combat continuel contre la nature et pour la nature, des découragements semés à chaque pas, des travaux souvent rendus inutiles par des contretemps et des accidents multipliés, de maigres récoltes perdues, des attentes de secours trompées, la misère prenant chaque jour une figure nouvelle, et de consolation ni d’appui nulle part, ni d’aucun côté, ni jamais, si ce n’est dans l’infinie bonté divine où s’abîme tout entier le malheureux, voilà ce que c’est que la vie du défricheur, de ce colon solitaire, infatigable, héroïque et inflexible à qui nous devons d’être ce que nous sommes, à