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Page:Buies - Au portique des Laurentides, 1891.djvu/57

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LE CURÉ LABELLE

effet, c’était bien là l’apôtre, le véritable apôtre, tel qu’on le conçoit et tel qu’on le veut uniquement. Pour accomplir un labeur comme l’a été le sien pendant vingt ans, il fallait un homme comme le curé Labelle, possédant plusieurs caractères et plusieurs natures, il fallait être un prêtre, un colonisateur, un politique, un homme d’idées, un dévoué, un indomptable, un généreux, un ardent et un indulgent ignorant les bornes de l’indulgence. Il fallait en outre avoir le tempérament et l’extérieur nécessaires pour en imposer et pour attirer.

Le curé Labelle est peut-être l’homme le plus étonnant qu’on ait vu en Canada. Quand on étudie cette figure, on découvre des aspects nouveaux qu’on ne soupçonnait pas la veille, et dont cependant les lignes sont fortes et profondes. En dehors de son œuvre, qui prenait toute son âme, il n’eut dans toute sa vie qu’une tendresse réelle, invariable, ce fut pour sa mère, et en dehors de cela quelques rares affections, inébranlables, fidèles en dépit de toutes les circonstances, et qui retombaient comme une pluie bienfaisante