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Page:Buies - Au portique des Laurentides, 1891.djvu/58

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LE CURÉ LABELLE

sur ceux qui en étaient l’objet. Mais ce qui planait par-dessus tout, c’était son immense amour pour le pauvre peuple malheureux, éprouvé de toutes les manières, pour le peuple des défricheurs à qui il fallait multiplier les encouragements, les espérances et les bontés.


Il avait des douceurs de mère, incroyablement profondes, des puérilités de géant inhabitué aux petites choses et des colères énormes, aussitôt apaisées. On le voyait passer soudain comme une trombe ; sa voix, remplie de vibrantes sonorités, résonnait dans les couloirs du Palais Législatif comme un ophicléide, et faisait tressauter sur leurs bancs de repos les messagers livrés aux douceurs inaltérables d’un sommeil mérité. L’instant d’après tout était retombé dans le plus grand des calmes. On se demandait d’où venait et où s’était dissipé cet orage. C’était amusant parfois autant qu’effrayant. Cela n’avait aucune raison d’être apparente, mais il fallait savoir que le curé était un cratère et qu’un cratère éclate sans qu’on sache pourquoi ; il bout pendant un long, long temps, et tout à coup le moindre acci-