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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/100

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Veuillot s’était contenté de rire tout seul et n’avait pas fait la photographie du rire divin ; mais M. Routhier, écrivain de premier ordre, d’après le Courrier du Canada, est tenu d’être un chérubin et de rester devant le trône du Tout-Puissant pour le regarder rire. Vous concevez ; un homme qui sait comment Dieu rit, ce n’est plus seulement un prophète ou un inspiré, c’est un assidu de l’Olympe ! Je voudrais bien savoir pourquoi il n’y a pas un troisième chapitre intitulé : « Le rire de M. Routhier : » ce rire doit avoir quelque chose de céleste par imitation, et l’on y apprendrait comment rire dans ce monde-ci à l’instar des séraphins.

Mais je n’en reviens pas. Le rire de Dieu ! quel chapitre ! On croirait tout d’abord que M. Routhier arrive en droite ligne du troisième ciel ; pas du tout. Il arrive de Chicago. Ô programme ! serait-ce là une de tes dérisions ?

Il y a une chose qui m’agace, c’est l’éternelle plaisanterie des féniens qui font irruption périodiquement sur notre territoire, regardent et s’en vont. Veni, vidi, fugi. Mais ce qui m’agace encore plus, c’est cette levée de boucliers qui se fait par tout le Dominion, dès qu’un fénien ivre ou idiot a traversé la frontière. Les féniens, cette fois, ont pris un fort où il y avait trois femmes et un infirme, puis ils se sont laissés prendre à leur tour ; la guerre était finie. Cela nous coûte cinq cents hommes envoyés de toutes les provinces et une proclamation de Sir Étienne. Ces hommes sont choisis, pardieu ! mais la proclamation ne l’est pas. En revan-