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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/99

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CHRONIQUES

politique : « Tout dépend, leur a-t-il dit, des prochaines élections. Si vous élisez de mauvais représentants, vous n’aurez à blâmer que vous-mêmes. »


LE RIRE DE DIEU.[1]



Je suis furieux ; les hommes sont devenus trop bêtes, même pour qu’on en rie. Il ne m’était resté pourtant que ce plaisir-là, à part celui de rire de moi-même, en dernière ressource. Voyez-moi un peu cet aplati de Nouveau-Monde ; il ne lui suffisait pas d’avoir des rédacteurs montréalais ; le voilà maintenant avec un rédacteur québecquois, et quel rédacteur ! C’est M. Routhier, programmiste, veuillotiste, ci-devant coadjuteur du Courrier du Canada. Ce M. Routhier fait un livre dans lequel il y a deux chapitres intitulés : « Le rire des hommes et le rire de Dieu. » Je sais d’avance ce que c’est.

« Le Rire des hommes, » c’est celui qu’on éprouve en lisant les articles de M. Routhier sur les États-Unis. « Le Rire de Dieu », c’est le rire de l’Éternel en voyant le Nouveau-Monde se donner comme son représentant. Ce dernier rire doit être parfois bien douloureux. Je vois d’ici le rédacteur québecquois de l’organe programmiste, admis par faveur spéciale en contemplation devant l’Esprit-Saint et étudiant le jeu de sa physionomie. Le rire de Dieu ! voilà un titre ! Jusqu’à présent

  1. Tel est le titre d’un chapitre tiré des « Causeries du Dimanche », volume publié par M. le juge A. B. Routhier.