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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/217

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CHRONIQUES

se sont prononcés sur le tard, et cela a donné le temps à Sir George de « grossir » la ville de ses bienfaits.

Je trouve, pour ma part, que d’avoir retardé pendant vingt ans l’explosion de son ingratitude, c’est encore montrer diablement de reconnaissance. Que Sir George, après cela, persiste encore à rester dans la vie publique, quand il en est si épouvantablement repoussé, et qu’il veuille encore nous « grossir » de ses bienfaits, lorsqu’évidemment la reconnaissance nous est à charge, qu’il ne soit pas encore éclairé par ce verdict foudroyant de toute notre grande ville, cela prouve qu’il a non seulement une âme de bronze, mais encore une tête de cyclope, et qu’il ne voit que d’un œil, de cet œil avec lequel il n’a fait que se contempler lui-même toute sa vie durant.

Maintenant, Sir George est prévenu ; nous sommes ingrats. S’il veut encore, malgré cet avertissement, se faire élire quand même, c’est donc qu’il y trouve son compte et qu’il a bien plus en vue sa propre personne que celle des Canadiens qui n’en veulent plus. Je crois, du reste, que c’est là tout le secret de la vie publique de Sir George et de ces énormes bienfaits dont il nous a surchargés.

Voyons un peu, faisons du raisonnement. Ne semblet-il pas, en somme, que le métier d’un homme public est de faire des actes publics et de travailler pour le comté ou la ville qui l’élit ? On ne l’envoie pas en chambre uniquement pour chanter « Vive Ottawa, la capitale des Canadas. » Dès lors que je vous élis et