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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/255

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CHRONIQUES

cela pendant trois mois de l’année, tous les jours. Le maquereau et la morue se pêchent à la ligne, une ligne parfois semée de cinquante hameçons ; le hareng est pris au filet, pêche rapide, mais sans émotions.


Huit heures.

Nous quittons Percé par un temps incroyable en cette saison-ci, merveilleusement beau, brillant, étincelant comme l’étoile du bonheur, et nous nous dirigeons sur Paspébiac, à soixante-douze milles plus loin, en passant par la Pointe aux Maquereaux qui est à l’entrée de la Baie des Chaleurs.

À la Pointe aux Maquereaux, trente milles plus loin que Percé, s’entrouvre cette onduleuse, voluptueuse Baie des Chaleurs, pleine de longs replis, de languissants contours, que le vent caresse comme un éventail, et dont les grèves amollies reçoivent sans murmure l’épanchement des flots. Quarante milles plus loin, au pied de collines douces, légèrement aplanies, apparaissent Paspébiac et New Carlisle, les deux plus jolis, les deux plus coquets endroits de la Baie.

Ici commencent une nature, des formes, des aspects tout différents de ceux que nous venons de quitter avec les rives du Saint-Laurent. Ce ne sont plus les montagnes abruptes de la côte nord, ni les champs amaigris, fatigués de la côte sud, mais de gras pâturages, des champs bien nourris, une végétation pleine de jeunesse. D’un côté c’est le Canada, de l’autre c’est le Nouveau-Brunswick ; mais, dès maintenant, que le lecteur s’apprête à des usages, à une population, à une physionomie locale qui ne lui rappelleront en rien le Canada.