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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/32

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aux fenêtres, devant les maisons ; une grande messe est chantée à la cathédrale ; du reste, aucune manifestation publique, et l’on se demande en l’honneur de qui cet apparat insolite ; c’est le 25e anniversaire du pontificat de Pie ix qu’on célèbre.

À part cet événement, rien n’arrête ni ne distrait la population de notre bonne ville que l’érection du nouveau bureau de poste au milieu de deux ou trois masures restées intactes, dont l’une contient l’atelier de notre confrère l’Événement, qui est là, juché sur un escalier solitaire, presque en ruines, affaissé, poussiéreux, comme un pécheur qui se couvre de cendres. Cher Événement ! il a l’air de demander la permission de vous tomber sur la tête, à la différence de ses confrères qui ne la demandent pas et qui n’en font pas moins. Pas un passant qui ne s’arrête devant le bureau de poste en construction et qui ne regarde comme fasciné chaque nouvelle pierre en granit qui s’ajoute aux fondations. C’est que, c’est un fait inouï que l’érection d’un édifice dans Québec, et les gens qui savent qu’ils en ont pour longtemps après celui-ci, veulent se repaître, savourer sans rien perdre afin de pouvoir raconter cela un jour à leurs petits neveux étonnés.

Comme je sortais, il y a quelques minutes, pour chercher des nouvelles, je rencontre un homme intelligent. Cela vous étonne ? revenez à vous, ce n’était pas un électeur. Il m’apostrophe : « Vous qui êtes journaliste, (je me rengorgeai) pourriez-vous me dire ce que signifient les élections qui viennent d’avoir lieu, sur quelles bases elles se font, que demande l’opinion publique, enfin quels sont les intérêts ou les principes en jeu ? — Il y a tout simplement, lui répondis-je, un