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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/325

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notre globe tourbillonne, gros en proportion, comme une pilule. Mais passons.

Les découvertes géologiques qu’on fait depuis quelque temps sont vraiment merveilleuses ; sans doute, l’homme, dégoûté de ce qu’il est aujourd’hui, cherche à se rattraper par ce qu’il pouvait être il y a cinquante mille ans. On ne trouve plus dans les cavernes du vieux et du nouveau monde que des squelettes de sept à huit pieds, avec des armes en pierre de cinq à six formes différentes.

Aujourd’hui, c’est dans les tavernes qu’on trouve les hommes, et, s’ils sont moins longs qu’autrefois, en revanche ils sont beaucoup plus épais. Moralement, il n’y a pas de bornes à cette épaisseur. Pour faire des recherches spéciales sur l’homme, il faut être atteint d’une misanthropie incurable, et détester ses semblables au point de vouloir se suicider pour ne pas leur ressembler. Quand on pense qu’il a fallu des centaines et des centaines de siècles pour arriver de la connaissance à l’usage de quelques métaux maintenant familiers, on admire cet incommensurable idiot qui s’intitule le roi de la création et qui a fait socialement de la femme son inférieure, sans doute pour se venger de la nature qui l’avait faite infiniment sa supérieure.

Au reste ce bipède n’en fait jamais d’autres.

N’ayant pu apprivoiser le renard, parce que le renard est beaucoup plus fin que lui, il a eu recours à la force, et quelle force ! dix, vingt, trente hommes, et dix, vingt, trente chevaux contre un renard !