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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/331

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l’opposition. L’année prochaine il se présentera avec les autres mesures des députés de la gauche laissées de côté pour cette année, et cela constituera le discours du trône. De cette façon on s’éternise au pouvoir ; le moyen est simple et à la portée de la majorité. L’année prochaine, si le gouvernement ne fait pas encore des questions ouvertes[1] de toutes celles qu’il a fermées jusqu’à présent, nous pouvons compter sur un début triomphal.



POUR LES DÉSESPÉRÉS



Je viens de voir une statistique désolante. L’année dernière il s’est commis, dans la France seulement, plus de quatre mille suicides, dont 734 par amour ! Si la statistique se met à constater et à fixer le nombre des faiblesses humaines, elle a du champ devant elle.

On dit que notre siècle est froid, matériel, calculé, dur. Voilà pourtant un chiffre effrayant, 734, qui montre qu’il y a encore du cœur de reste dans cette pauvre humanité tant calomniée. Se suicider par amour, quelle chose navrante ! Mais ce qui est plus navrant encore, c’est ce qu’il faut avoir souffert pour en arriver là. Qu’on ajoute la folie de se tuer à la folie d’aimer, c’est à se révolter contre sa propre nature. Si encore cela servait à quelque chose ! Mais

  1. Questions libres, c’est-à-dire de celles où la politique essentielle du gouvernement n’est pas en cause.