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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/377

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éclatante, imposer un carême général à une population affamée.

Il y a plus. Les députés ministériels, auxquels la Minerve envoie cet axiome absolument comme si elle leur jetait un biscaïen, seront décontenancés. Ils ne croiront pas à sa réalisation ; et, par suite de la faiblesse inhérente à la nature humaine, ils sacrifieront le principe en écartant l’homme si peu fait pour le représenter.

Voilà où conduisent les formules gastronomiques.

L’honorable Langevin n’aura pas seulement la consolation d’avoir osé à propos, en escomptant les devoirs de la conscience par les sensations de l’estomac, comme le dit encore la Minerve dans un style qui ne manque pas d’ampleur, ni même d’ampoule, ni même de pathos inintelligible. Il aura préparé un dîner pendant dix ans, et cela ne lui donne pas un seul comté dans le district dont il prétend représenter les opinions ! Il aura fait casser des œufs et beaucoup de mâchoires d’électeurs, pour voir ses créatures repoussées unanimement dans chaque élection ! Ô principes ! que vous coûtez cher, et que l’obéissance est une vertu funeste !

M. Langevin a fait présenter M. Jean Blanchet à la Beauce : battu par douze cents voix. — Il a fait présenter M. Philias Huot dans Québec-Est : battu par huit cents voix. — Il a fait présenter M. Brousseau dans Portneuf : battu. — Il a fait présenter M. Routhier dans Kamouraska : battu. — Il a fait présenter M. Cimon dans Charlevoix : battu par sept cents voix. — Il a fait présenter M. Adolphe Caron dans Bellechasse : battu aussi par sept cents voix ; de telle sorte que M.