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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/96

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d’homme de lettres en Canada, et l’on peut y être écrivain sans porter des habits d’occasion ! Grande et sublime transformation sociale ! Vous êtes des radicaux, mes propriétaires ; avant peu, vous voudrez bien m’associer à vous, comme la Minerve vient de le faire de son premier rédacteur qui le mérite bien moins que moi. Ça été là un noble exemple, que le Nouveau-Monde [1] ne suivra pas, sans doute, rien que par esprit d’antagonisme ; et, du reste, ses propriétaires ne pourraient s’associer personne, attendu que la vérité, une et indivisible, ne permet pas de partage.

Le Nouveau-Monde ayant fait dans un récent article cette immortelle déclaration :

« Le libéralisme est une erreur dans tous les ordres de choses. On peut en politique le subir comme un moindre mal, le tolérer pour prévenir les désastres d’une révolution sanglante ; mais il y a un abîme entre souffrir ainsi le despotisme libéral, et l’accepter comme principe ou doctrine politique, »

L’Événement lui répond :

« Ces mots, qui contiennent l’essence de la doctrine du programme, ouvrent un abîme entre le parti conservateur et ce que nous avons pris la liberté d’appeler le parti réactionnaire. Ils sépareront à jamais ces deux partis, car les hommes d’État, qui ont entrepris de faire fonctionner la constitution actuelle, ne peuvent accepter le concours de ceux qui se déclarent les ennemis des libertés publiques, et qui n’hésitent pas à dire

  1. Journal ultramontain.