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CHRONIQUES

qu’ils ne font que subir comme un moindre mal, que tolérer le régime constitutionnel, et qu’il n’y a que la crainte d’une révolution sanglante, que la peur, en un mot, qui les empêche de travailler à le renverser. Les réactionnaires n’élèvent pas de barricades, mais ils s’efforcent d’altérer le système, de fermer les ouvertures, de clore portes et fenêtres, et de chercher à y asphyxier la liberté qu’ils n’osent attaquer de front. L’alliance avec un pareil parti est impossible pour qui est convaincu que la constitution anglaise a posé des limites au-delà desquelles aucun peuple en Amérique ne doit et ne peut reculer. Rien de plus, mais certainement rien de moins. Le libéralisme anglais est devenu pour nous l’essence même de notre vie publique.

« Il faut que les réactionnaires en prennent leur parti : conservateurs et libéraux, nous avons une foi politique commune, le constitutionalisme. L’ordre des choses actuel contient, pour les uns le minimum, pour les autres le maximum des libertés publiques ; mais personne, aucun parti, aucun homme public, ne voudrait en laisser supprimer une seule. Nous avons tous pour ancêtres des libéraux, des hommes qui ont lutté pour la liberté et qui ont contribué à la conquérir pour l’avenir. Nous ne renoncerons jamais à cet héritage. Nous différons sur les questions secondaires, transitoires ; nous sommes unis sur ce point principal. »

Cette réponse, qui ne permet pas de réplique, établit nettement l’état des choses, et nous savons désormais à quoi nous en tenir. Les programmistes ne sont ni plus ni moins que les perturbateurs de nos institutions sociales, des ennemis dangereux des lois qu’il faut poursuivre à outrance. Je propose donc, pour les