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Page:Buies - Chroniques, Tome 2, Voyages, 1875.djvu/249

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VOYAGES

flot bourbeux des intérêts et des mesquines ambitions où la plupart des hommes noient leur âme et achèvent de perdre ce qui leur reste de l’empreinte divine ; je vais retomber, positif et réel, sur cette terre où je n’ai jamais pu prendre racine, et que je peuplais sans cesse des fantômes de mon imagination……………………………

Adieu, adieu, illusions, charmes, transports, enivrements de ma jeunesse à jamais disparue. Je m’enfuis loin de votre tombeau, comme le marin quitte le navire perdu où il a essuyé tous les dangers et qui était tout son monde, son foyer, sa famille, sa patrie entière. Adieu ; je vais désormais flotter sur l’épave de ma vie jusqu’à ce que j’atteigne le port immortel, et personne n’entendra plus les accents de ma voix dans le ciel brumeux qui s’assombrira de jour en jour autour de moi……… personne, jusqu’à ce que je touche à la rive où tous les bruits s’éteignent, où tous les orages s’apaisent. Alors seulement, je pousserai un dernier cri, celui de l’espérance éternelle qui, seule, ne trompe jamais.