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Page:Buies - Québec en 1900, conférence, 1893.djvu/56

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québec en 1900

nous être obligés d’aller prendre jusqu’à des bains à Montréal par hasard ? Nous n’avons pas non plus de bain turc : mais, en revanche, il est vrai, nous avons trois ou quatre buanderies Chinoises.

Eh ! Mais tout, tout est à faire ici, et nous avons quatorze millions, empilés les uns sur les autres dans les banques, qui sont là à se regarder probablement, car que faire dans les banques à moins que l’on ne se regarde, quand on a l’insigne honneur d’être parmi les capitaux ? Il y a une foule de spéculations assurément avantageuses à tenter, sur une échelle ou petite, ou moyenne ou grande, à discrétion, et nous n’en tentons aucune, parce que nous avons encore la chair, les os et l’âme pétris de cette douce et aimable inertie que nous ont transmise nos pères, sans nous rendre compte que nous vivons dans un temps bien différent du leur, dans un temps qui a bien d’autres exigences, bien d’autres nécessités, et que la concurrence vertigineuse du travail dans tous les pays, dans toutes les villes du monde, ne nous permet plus de fumer du matin au soir notre bon tabac canadien, satisfaits de retirer nos petits dividendes et n’ayant nulle autre préoccupation que d’ajouter encore quelques billets à la pile de ceux qui gisent dans les coffres des banques, et dont la seule pensée nous fait fondre l’âme.

IX

Bien différent des particuliers qui thésaurisent, notre Conseil de Ville ne sait même pas où prendre de l’argent pour les plus modestes et les plus pressantes améliorations