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Page:Buies - Récits de voyages, 1890.djvu/220

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promenade dans le vieux québec

de rendre un hommage reconnaissant, c’est lord Dufferin, l’ex-gouverneur-général du Dominion.

À peine avait-il mis le pied sur le rivage canadien, que lord Dufferin, frappé de la beauté sans égale de Québec, en faisait sa demeure de prédilection. Cette préférence, ce beau feu, comme on disait jadis, était l’entraînement irrésistible d’une âme délicate vers les grandes œuvres de la création. Mylord avait étudié l’histoire de Québec et l’avait trouvée digne du cadre que la nature environnante fait à la ville, il avait compris surtout qu’il fallait faire quelque chose pour cette noble cité qui perdait tous les jours un lambeau de son passé, et que la décrépitude assaillait sur tous les points, en menaçant de remplacer par des rides repoussantes la touchante majesté des ruines. Lord Dufferin voulait relever le Québec qui s’écroulait, mais le relever en l’embellissant ; il voulait même ressusciter des monuments entièrement disparus, retenir jusqu’à leur nom, mais en leur donnant un lustre inouï et une disposition nouvelle qui ne fût plus un obstacle à la circulation ; les remparts, ceinture gênante et beaucoup trop étroite pour une ville qui grandit, devaient être percés de larges ouvertures, et ne plus exister désor-