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Page:Bulletin de la société de Paris et de l'Ile de France, 6e année, fasc 1 et 2, 1934.djvu/64

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Milan, de Gênes, de Florence, de Lucques, de Plaisance, de Pistoie et formaient souvent des compagnies telles que celles des Cercles blancs et des Cercles noirs de Florence, des Cavassoles, des Scali ou de la Scala[1]. Les Italiens qui, comme les Juifs, se livraient à des opérations de crédit et faisaient la banque et le commerce de l’argent, subirent le même sort. Arrêtés le mardi après la Saint-Barthélemy (28 août)[2] 1291, puis relâchés et autorisés à exercer le commerce en France sous certaines garanties[3], ils furent bannis du royaume par Philippe le Bel en 1311[4].

Les Juifs qui appartenaient au roi ou aux seigneurs étaient, à la suite d’une ordonnance de saint Louis, du 18 juin 1269[5], astreints à porter sur la partie supérieure de leur vêtement une roue d’étoffe ou de feutre écarlate, sous peine d’une amende de dix livres ; on l’appelait la rouelle. Elle était remise aux Juifs par les officiers du roi contre la perception d’un droit[6], sans compter les autres tailles auxquelles ils furent assujettis.

À Paris, les Juifs s’établirent surtout dans les rues de la Tacherie, de la Juiverie et vers le Petit-Pont, rue du Renard, rue Saint-Bon, rue de la Tisseranderie. Ils avaient deux synagogues, l’une rue de la Bûcherie et l’autre près de la Grève, rue de la Tacherie. Ils avaient aussi deux cimetières, l’un dans la rue Galande et le second dans la rue de la Harpe, près de la rue Pierre-Sarrazin. Le 22 juillet 1306, jour de la Madeleine[7], ils furent chassés du royaume, leurs biens saisis, leurs écoles, leurs synagogues et leurs cimetières vendus. À Paris et dans la prévôté et vicomté de Paris, Gui de Laon, trésorier de la Sainte-Chapelle, et Simon de Rambouillet tinrent les comptes des biens des Juifs.

En parlant des Juifs, nous ne pouvons passer sous silence un événement bien connu sous le nom de miracle des Billettes, que l’on trouve rapporté dans Villani[8] et dans plusieurs chroniques contemporaines[9]. Ce miracle eut lieu à Paris le jour de Pâques, 2 avril 1290. Une femme avait engagé des vêtements chez un Juif de la paroisse de Saint-Jean-en-Grève appelé le Bon Juif, disent les Grandes Chro-

  1. Journaux du Trésor de Philippe le Bel, à la table : Societas, et J. Viard, Journaux du Trésor de Charles IV le Bel, p. xxvi.
  2. Boutaric, La France sous Philippe le Bel, p. 304.
  3. Ord., t. I, p. 326.
  4. Ord., t. I, p. 489-490.
  5. Ord., t. I, p. 294.
  6. Ulysse Robert, Les signes d’infamie au Moyen Âge, p. 23.
  7. Rec. des hist. de France, t. XXI, p. 139, 527, 716, 811.
  8. Rerum italicarum scriptores, t. XIII, col. 336.
  9. Rec. des hist. de France, t. XXI, p. 127, 132, 133 ; t. XXII, p. 32-33.